Poutine ordonne de créer un système de défense aérienne conjointe avec l’Arménie. Une décision qui intervient au lendemain d’arrivée de 12 chasseurs américains dans le ciel turc justifiée au Pentagone par les “viols répétés” de l’espace aérien de la Turquie par les chasseurs russes.

 

Selon le site Sputnik, le président russe Vladimir Poutine a ordonné de mettre en place un système de défense aérienne conjointe avec l’Arménie dans la région caucasienne. Un accord ad hoc avec la partie arménienne devra être signé par le ministère russe de la Défense. Cette annonce intervient au lendemain du renforcement du bouclier américain dans le ciel turc face aux chasseurs russes, avec l’annonce de l’arrivée le 10 novembre dernier de 12 avions de chasse américains  F15C Eagle à la base d’Incirlik.

Officiellement, ce renforcement américain aérien est destiné à soutenir les forces aériennes turques dans la lutte contre l’EI. Mais le porte-parole du Pentagone Peter Cook reconnaît néanmoins que le gouvernement turc s’est adressé aux Etats-Unis “après les violations […] observées de la part des Russes […]. Nous avons satisfait cette demande”. L’incident était survenu les 3 et 4 octobre dans le ciel turc. Selon le ministère russe de la Défense, un avion russe Su-30 n’avait pénétré que quelques secondes dans l’espace aérien turc, pour des raisons météorologiques. Moscou n’a confirmé aucun incident de ce type survenu le 4 octobre.

“On a l’impression que l’incident dans l’espace aérien turc a été utilisé pour entraîner l’Otan dans la campagne informationnelle lancée par l’Occident, qui défigure et déforme les objectifs de l’opération menée par les forces aériennes russes en Syrie”, avait d’ailleurs déclaré en octobre le représentant russe auprès de l’Otan Alexandre Grouchko.

En ordonnant de mettre en place un système de défense aérienne conjointe avec l’Arménie dans la région caucasienne, Vladimir Poutine fait également d’une pierre deux coups. Outre la démonstration adressée à Washington et Ankara, le président russe entend bien par là répondre aux inquiétudes d’Erevan.

D’une part, des hélicoptères militaires turcs avait violé l’espace aérien de l’Arménie les 6 et 7 octobre de 2 à 4 minutes. Ankara avait alors déclaré que ses hélicoptères étaient entrés dans l’espace aérien de l’Arménie en raison des mauvaises conditions météorologiques, réponse du berger à la bergère après les justifications russes trois jours plus tôt selon les mêmes arguments.

Surtout, l’Arménie avait vertement critiqué l’OTSC dont elle elle fait pourtant parti pour son attitude sur le conflit du Karabagh. On se souvient que l’Organisation du Traité de sécurité collective regroupant la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan n’avait pas ouvertement pris position au lendemain des attaques répétées de l’Azerbaïdjan et de la mort de plusieurs victimes civiles arméniennes, pas plus que l’alliance ne s’était manifestée jusqu’ici dans le conflit du Haut-Karabagh en général.

On se souvient également que la réprimande d’Erevan avait eu lieu alors que l’Arménie accueillait les exercices militaires des six ex-Républiques soviétiques qui composent l’alliance militaire créée en 2008 et dirigée par la Russie. Comble de l’ironie, ces manouvres de cinq jours réunissant notamment 100 troupes venues de Russie avaient été baptisées par l’état major de l’’OTSC “Indestructible Fraternité-2015“. Avec ce nouveau bouclier aérien ordonné hier par Poutine, Moscou donne une consistance supplémentaire à cette  fraternité “indestructible”.

Marc Varoujan / Nor Haratch

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