Même la personne la moins informée du monde comprend désormais que la Turquie est une alliée majeure de Daech. Il y a eu d'innombrables informations dans les médias mondiaux prouvant la complicité de la Turquie. Étonnamment, il y a un diplomate américain qui semble n'avoir aucune idée du rôle destructeur que joue la Turquie dans la région, non seulement en Syrie et en Irak, mais aussi en Artsakh (Nagorno Karabagh) ! 

 

Comment l'ambassadeur américain auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) peut-il être ignorant au point de prononcer un discours louant le rôle "précieux" de la Turquie dans l'effort d'apaisement du conflit de l'Artsakh ? 

 

Dans sa déclaration du 17 décembre au Conseil permanent de l'OSCE, l'ambassadeur Daniel Baer a eu l'audace d'encenser "le rôle constructif de la Turquie en tant que membre du groupe de Minsk" dans le conflit de l'Artsakh. Il a poursuivi en déclarant que "la Turquie a été un membre important du groupe de Minsk et qu'elle a travaillé en coopération avec ses partenaires pour avancer vers des pourparlers de paix" entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. 

 

L'ambassadeur Baer a exprimé son désaccord avec Alexandre Lukachevich, ambassadeur de la Russie auprès de l'OSCE qui, deux jours auparavant, avait remis en question "l'esprit constructif" de la Turquie en tant que membre du groupe de Minsk. L'ambassadeur de Russie avait critiqué la Turquie qui se range du côté de « l’une des parties impliquées dans le conflit du Nagorno Karabagh [soit l’Azerbaïdjan] et avait qualifié la position d'Ankara comme étant « inacceptable » et « totalement destructrice ». 

 

Le président du Comité national arménien d'Amérique (ANCA), Ken Hachikian, a dénoncé la déclaration de Baer, la qualifiant « d'imprudente ». Hachikian a dressé la longue liste des politiques fermement pro-azéries de la Turquie. "Le gouvernement Erdogan soutient activement les virulentes positions anti-arméniennes d'Aliyev, en fournissant ouvertement une aide militaire et un entraînement à l'armée azérie, en maintenant parallèlement le blocus envers l'Arménie, contraire au droit international, et en cherchant à isoler Erevan sur la scène internationale". 

 

Le président de l'ANCA s'est demandé pourquoi "les responsables américains acceptent d'être utilisés comme des pions dans la comédie d'Erdogan", en prétendant que le gouvernement turc jouera, contre toute évidence, le rôle d'un médiateur impartial ? » Hachikian conclut : "L'héritage honteux de cette Administration qui cède sans fin aux menaces turques, aux dépends de nos propres valeurs et de nos intérêts en tant que nation, est une véritable disgrâce nationale, une gêne indigne de l'honneur du peuple américain. » 

 

Plusieurs membres du Congrès américain ont également condamné les remarques scandaleuses de l'ambassadeur Baer. Le vice-président du caucus arménien au Congrès, Frank Pallone (D-NJ), s'est dit très "troublé par la récente déclaration de notre représentant américain auprès de l'OSCE, louant le rôle de la Turquie dans le processus de paix du groupe de Minsk. Le soutien plus qu'actif de la Turquie à l'Azerbaïdjan à propos du conflit du Nagorno-Karabagh a été apparent dès le début. Une telle déclaration ne servira qu'à polariser les négociations. » 

 

Adam Schiff, représentant de haut rang (D-CA) à la Commission de la Chambre sur le renseignement, a déclaré sans équivoque que « Compte tenu du comportement de la Turquie et de son soutien - de longue date - à Bakou, elle ne peut, en aucune façon, être considérée comme un intermédiaire neutre dans ce qui est devenu un conflit de plus en plus intense, le long de la ligne de contact ». Le congressiste Schiff a suggéré qu'au lieu "de s'opposer au Nagorno-Karabagh, toutes les nations devraient insister sur le déploiement d'une technologie de surveillance le long de la frontière, un pas que l'Arménie a facilement accepté, mais contre lequel l'Azerbaïdjan résiste, sans doute parce que cela démontrerait son agression injustifiée". 

 

Votre auteur espère encore une réaction de l'Arménie contestant les remarques malavisées et inappropriées de l'ambassadeur Baer. Ne rien dire reviendrait à être d’accord avec les propos malheureux de l'ambassadeur des États-Unis. En fait, l'ambassadeur Baer devrait être sévèrement critiqué par tous, Arméniens et non-Arméniens, pour son encouragement à l'ingérence préjudiciable de la Turquie dans le conflit de l'Artsakh. Au lieu de louer le rôle "constructif" et "précieux" de la Turquie, l'ambassadeur des États-Unis aurait dû suivre l'exemple de son confrère russe et fustiger les efforts sinistres et destructeurs d'Ankara. 

 

Il y a deux ans, quand il a été assermenté comme émissaire auprès de l'OSCE, l'ambassadeur Baer avait diffusé une vidéo dans laquelle il annonçait avec joie: "Mon partenaire Brian et moi-même, nous réjouissons de vivre à Vienne, avec notre chienne, Cléo. Nous avons hâte d'explorer une ville magnifique, de skier, de faire des randonnées en Autriche, et de voyager dans toute la zone de l'OSCE". 

 

L'ambassadeur Baer semble davantage intéressé par le tourisme, aux frais des contribuables américains, que par le fait de s'engager dans un sérieux travail de diplomatie. Si tel est le cas, le président Obama devrait relever l'ambassadeur de ses fonctions, afin qu'il puisse continuer son périple touristique en Europe, à ses propres frais ! 

 

 

De Harut Sassounian 

The California Courier 

 

 

 

 

 

 

 

 

  -   Articles et analyses