Harut Sassounian. Le président Erdogan sera peut-être obligé de démissionner si son diplôme universitaire est falsifié


Harut Sassounian. Le président Erdogan sera peut-être obligé de démissionner si son diplôme universitaire est falsifié

  • 24-06-2016 13:26:24   | USA  |  Articles et analyses

Comme si le président turc Recep Erdogan n’avait pas assez de problèmes, il doit maintenant faire face à une nouvelle accusation concernant son diplôme universitaire qui serait falsifié. Si c’est vrai, il sera obligé de démissionner de son poste présidentiel et probablement purger une peine de prison ou s’exiler. 
 
Des rumeurs circulent depuis un certain temps selon lesquelles Erdogan n’aurait pas de diplôme universitaire, ce qui le disqualifierait de sa position présidentielle, car selon l’article 101 de la Constitution turque, les candidats présidentiels « doivent avoir accompli des études supérieures. » 
 
Le journaliste Cengis Candar, dans un article du 15 juin paru sur Al-Monitor.com, intitulé : Le diplôme universitaire d’Erdogan est-il falsifié ?, expose de graves doutes sur la validité du diplôme universitaire d’Erdogan. 
 
Comme Candar l’explique, « Erdogan a fréquenté une école Imam Hatip, une institution de niveau d’école secondaire, qui forme les prêcheurs religieux. Au cours des années 1970 et 1980, les diplômés de ces écoles ont pu poursuivre des études supérieures en théologie uniquement. » Néanmoins, quand Erdogan s’est porté candidat à la présidence en août 2014, il a présenté au Haut conseil électoral turc une photocopie de son diplôme, affirmant avoir été diplômé en 1981 de la faculté des sciences économiques et administratives de l'Université de Marmara 
 
Le problème ici, c’est que l’université de Marmara ayant été créée en 1982 seulement, il est impossible qu’Erdogan ait pu avoir un diplôme un an avant sa création. Étant donné que le département des sciences économiques a été ouvert en 1983, Erdogan n’a pas pu être diplômé en 1981, comme il l’a affirmé. Malheureusement, toutes ces allégations n’ont pas pu faire l’objet d’enquêtes approfondies en Turquie, par la société civile ou les médias, en raison de la nature dictatoriale du régime d’Erdogan, qui ferme couramment les journaux et poursuit en justice tous ses opposants. 
 
Les conseillers du président sont convaincus que les accusations sur Erdogan ne sont pas valides, car elles émanent des membres de partis d’opposition. La première plainte provient d’un ancien procureur, Omer Faruk Eminagaoglu, qui a exposé au Conseil électoral ses doutes sur le diplôme universitaire d’Erdogan, en raison des disparités existant dans la photocopie. Le Conseil électoral a rapidement rejeté l’appel du juge. 
 
Une deuxième contestation a été faite par ultranationaliste turc, Gokce Firat, qui a présenté un argumentaire détaillé pour soutenir la thèse du diplôme falsifié. Firat a exigé de voir l’original du diplôme d’Erdogan plutôt que la photocopie qu’il avait soumise au Haut conseil électoral. Le nationaliste turc a accusé le président et le doyen de l’université de Marmara d’avoir aidé et d’être complice du crime de falsification du diplôme d’Erdogan. Il a affirmé que les signatures du président et du doyen de l’université de Marmara qui apparaissent sur la photocopie du diplôme d’Erdogan ne correspondent pas à celles se trouvant sur son propre diplôme de la même université. Il a aussi remis en question la validité de la séquence des nombres sur le diplôme d’Erdogan. Enfin, Firat a déclaré que même le design du diplôme du président turc est différent de ceux détenus par les autres diplômés. 
 
Un peu plus tôt ce mois-ci, le parti pro-kurde HDP a soumis une enquête parlementaire officielle, demandant au ministre de l’Éducation Ismet Yilmaz de « clarifier le mystère entourant la validité » du diplôme universitaire d’Erdogan. En réponse à une requête similaire auprès du Haut conseil électoral, le HDP a reçu une copie notariée du diplôme du président. Cependant, le HDP a annoncé qu’il continuerait à remettre en doute la validité du diplôme. 
 
Dans son article, Cengiz Candar a soulevé des questions graves sur la légitimité du président de la Turquie, s’il s’avérait que le diplôme était falsifié : « Si elles sont prises au sérieux, les suites de la controverse pourraient générer des questions juridiques monumentales en Turquie. S’il s’avère qu’Erdogan n’a jamais été qualifié pour être élu président, tout ce qu’il a pu signer ou mettre en œuvre devra être considéré comme nul et non avenu d’un pur point de vue juridique. Politiquement parlant, cela fournirait un arsenal de munitions à ses critiques dont le nombre augmente rapidement à l’étranger. Et si le diplôme universitaire d’Erdogan est réellement falsifié, cela fournira naturellement des munitions à ses opposants internationaux qui pourront soulever l’argument de savoir si son titre est légitime. » 
 
Alors que le président Erdogan exige un test ADN pour vérifier l’origine ethnique de 11 membres turcs du Parlement allemand, qui ont voté la résolution reconnaissant le génocide arménien, il serait sans doute plus approprié d’effectuer des analyses chimiques de son diplôme. Erdogan devrait aussi subir un examen psychologique pour évaluer son comportement irrationnel et psychotique chronique ! 
 
 
 
 
 
 
 
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