L’Azerbaïdjan recrute le tristement célèbre député Hastings pour sa propagande anti-arménienne.Harut Sassounian


L’Azerbaïdjan recrute le tristement célèbre député Hastings pour sa propagande anti-arménienne.Harut Sassounian

  • 16-03-2019 13:48:01   | USA  |  Articles et analyses

Le député Alcee L. Hastings (démocrate de Floride) est le dernier diffuseur en date de la propagande azérie. Il a fait une déclaration le 25 février 2019, qu’il a publiée dans le journal officiel du Congrès, accusant les Arméniens d’avoir tué 616 hommes, femmes et enfants azéris le 26 février 1992 dans le village de Khodjaly en Azerbaïdjan, au plus fort de la guerre de l’Artsakh (Karabagh). Human Rights Watch a indiqué que le nombre de morts azéris était 161. Toutefois, un seul mort, qu’il soit arménien ou azéri est regrettable. Le député Hasting, un des membres du caucus parlementaire pour l’Azerbaïdjan, a qualifié les soi-disant morts de « massacre de Khodjaly ». 


Ces victimes ont déclenché une controverse entre les Arméniens et les Azéris qui s’accusent mutuellement de la tuerie. Ces dernières années, le gouvernement de l’Azerbaïdjan a fait de ces morts une cause célèbre, organisant des célébrations dans divers pays et accusant les Arméniens non seulement d’avoir commis un massacre, mais aussi un génocide ! Ces pratiques de propagande sont financées par ce qu’on appelle « la diplomatie du caviar », ce qui signifie que le gouvernement azéri corrompt des responsables gouvernementaux partout dans le monde, afin qu’ils bloquent des décisions critiques sur l’Azerbaïdjan ou qu’ils adoptent des résolutions en sa faveur. 

Ce qui est paradoxal, c’est que l’Azerbaïdjan qualifie les 616 prétendus morts azéris de génocide, mais il nie sans vergogne le véritable génocide de 1,5 million d’Arméniens, commis entre 1915 et 1923. 

Le 3 mars 1997, le ministère arménien des Affaires étrangères avait fait circuler une déclaration aux membres de l’Assemblée générale des Nations Unies et du Conseil de sécurité, rejetant la déclaration faite par l’Azerbaïdjan le 22 février 1997, sur « les événements de Khodjaly ». L’Arménie avait cité le président de l’Azerbaïdjan en fonction à l’époque, Ayaz Mutalibov, qui avait déclaré que le Front national azerbaidjanais avait « activement bloqué et de fait empêché l’exode de la population locale [azérie] via des passages dans les montagnes délibérément laissés ouverts par les Arméniens du Karabagh pour faciliter la fuite de la population civile. » Mutalibov avait fait cette déclaration dans les jours qui ont suivi « les événements de Khodjaly », lors d’une interview avec la journaliste tchèque Dana Mazalova, qui a été publiée le 2 avril 1992 dans le journal russe Nizavisimaya Gazeta. 

En organisant ces pratiques de propagande, les responsables azéris ont trouvé un moyen opportun de contrer les massacres de masse des Arméniens dans les villes azéries de Soumgaït, (28 février 1988), de Gandja [ex-Kirovabad] (novembre 1988) et de Bakou (janvier 1990), ainsi que le génocide arménien commis par la Turquie ottomane. 

L’Azerbaïdjan n’aurait pu trouver un membre du Congrès américain plus indigne pour faire sa guerre de propagande contre l’Arménie. Avant de devenir membre du Congrès, Hastings a été juge fédéral dans une cour de district des États-Unis de 1979 à 1989, date à laquelle il a été mis en accusation et démis de ses fonctions ! 

Selon Wikipédia « En 1981, le juge Hastings a été accusé d’avoir accepté un pot-de-vin de 150 000 dollars en échange d’une peine allégée et de la restitution des biens saisis, pour 21 chefs d’accusations de racket commis par Frank et Thomas Romano, et de parjure dans son témoignage. En 1983, il a été acquitté par un jury après que son co-conspirateur présumé, William Borders, a refusé de témoigner devant la cour, ce qui a valu une peine de prison à Borders. » 

« En 1988, la Chambre des Représentants des États-Unis, contrôlée par les démocrates, s’est emparée de l’affaire et Hastings a été démis de ses fonctions pour corruption et parjure, par un vote de 413 voix contre 3. Il a ensuite été condamné le 20 octobre 1989 par le Sénat américain, et est devenu le sixième juge de l’histoire des USA à être démis d’une fonction par le Sénat. Au cours d’une séance de deux heures d’appels nominaux, le Sénat a voté pour 11 des 17 articles de destitution. Il a condamné Hastings pour 8 des 11 articles. Le vote sur le premier article était de 69 pour et 26 contre… » 

Le député Hastings a été déconsidéré une seconde fois lorsqu’un membre de l’équipe de la Commission d’Helsinki l’a accusé de comportement sexuel inapproprié ! Le 8 décembre 2017, le journal Roll Call a rapporté que le Département américain du Trésor avait secrètement payé 220 000 dollars à des membres du personnel du Congrès pour régler le procès de Hastings pour harcèlement sexuel présumé. 

Winsome Packer, membre de l’équipe de la commission parlementaire, a déclaré dans un document écrit que le député Hastings l’avait touchée, lui avait fait des avances sexuelles et avait menacé son emploi. Lors de son procès, Parker a déclaré que « Hastings lui avait maintes fois demandé de rester auprès d’elle dans son appartement ou d’aller la voir dans sa chambre d’hôtel. Packer a aussi dit qu’il l’avait fréquemment enlacée et une fois, il lui a demandé quel genre de sous-vêtements elle portait », selon Roll Call. Hastings a nié les accusations. 

Finalement, il semblerait que le député Hastings ait gardé des contacts étroits avec le BGR Group, une entreprise américaine importante qui est payée 50 000 dollars par mois pour faire du lobbying en faveur de l’Azerbaïdjan à Washington. 

En vertu de la loi fédérale FARA (Foreign Agents Registration Act), chaque entreprise de lobbying doit s’inscrire auprès du Département américain de la justice, et publier le contrat signé avec l’entité étrangère. Plus important encore, les employés de la société de lobbying ont obligation de rapporter au Département de la justice tous les contacts qu’ils ont avec des étrangers de la part de leurs clients, que ce soit par téléphone, par email ou lors d’entrevues personnelles. 

Par exemple, au cours de la période de six mois, du 1er décembre 2017 à mai 2018, BGR a rapporté avoir contacté des bureaux du Congrès des centaines de fois. À chaque fois l’objet était listé comme « Relations USA-Azerbaïdjan ». Intelligemment, BGR a caché le nom du sénateur ou du député, ne mentionnant que le nom du membre de son équipe. 

Le Comité national arménien d’Amérique (ANCA) a mené une longue enquête pour identifier les noms des membres du Congrès pour lesquels ces personnes travaillaient. L’enquête de l’ANCA a révélé que le 17 novembre 2017, le 27 février 2017, le 5 mars, le 12 mars, le 30 avril, le 22 mai, le 23 mai et le 30 mai, 2018, les lobbyistes de BGR ont envoyé des emails à Tom Carnes, un membre de l’équipe d’Hastings. BGR a également rencontré Tom Carnes le 30 mai 2018. De plus, le 22 mai 2018, les lobbyistes de BGR ont envoyé des emails à Susannah Jackson, qui travaille au bureau du député Hastings. Et le 2 novembre 2017, Rob Mangas, Tim Hutchinson, K. Laurie McKay, Killoran Long, et Albert Wynn, au nom d’une agence de lobbying travaillant pour la Turquie Greenberg Traurig, ont eu des discussions avec Lale Morrison, du bureau du député Hastings, sur les relations USA-Turquie. Finalement, le 27 octobre 2017, Lydia Borland, au nom d’une autre agence de lobbying travaillant pour la Turquie, LB International Solutions, LLC, a rencontré Lale Morrison, du bureau du député Hastings, à propos des relations USA-Turquie. 

Il est donc peu étonnant que l’ANCA ait donné le mauvais score de D et D à Hastings ces dernières années, celui-ci n’ayant pas apporté son soutien à plusieurs questions arméniennes au Congrès. 
L’Azerbaïdjan a essayé de couvrir ses crimes contre les Arméniens et ses violations des droits de l’homme en corrompant des responsables étrangers partout dans le monde, tout en en accusant d’autres de ses propres méfaits ! 

 

De Harut Sassounian 
The California Courier 

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