De : Harut Sassounian. Les Turcs aident à faire de la publicité pour le centenaire du génocide arménien


De : Harut Sassounian. Les Turcs aident à faire de la publicité pour le centenaire du génocide arménien

  • 26-12-2012 08:00:10   | USA  |  Articles et analyses

À la veille du 90e anniversaire du génocide arménien en 2005, Mehmet Ali Birand, un important journaliste turc, a écrit un article conseillant vivement au public turc de se préparer à l’imminent « tsunami arménien ». 

 
Au début de ce mois-ci, le journal turc Gazete Kars a publié un éditorial semblable, intitulé « Les préparatifs arméniens pour 2015 », alertant les Turcs sur le 100e anniversaire du génocide arménien en 2015 et leur conseillant de prendre des contre-mesures efficaces. 
 
L’éditorial révèle que les Turcs suivent très attentivement les préparatifs arméniens du centenaire du génocide et qu’ils mesurent avec anxiété l’impact sur la Turquie, des activités arméniennes à venir. 
 
Le long article rapporte que l’Arménie et la diaspora sont en train de développer leur campagne commune contre la Turquie à la veille du 100e anniversaire du génocide arménien. L’article prévient que « Avec leurs mensonges, les Arméniens feront se lever le monde entier » et suggère que « La République de Turquie mette immédiatement en œuvre toutes ses ressources et prenne des mesures préventives pour réduire à néant cette tromperie. » 
 
Gazete Kars se plaint que les Arméniens « ternissent la réputation de la Turquie en lançant des attaques puissantes sur quarante fronts. Pour contrer ces attaques, la Turquie doit prendre des mesures bien plus défensives et offensives. Il n’y a pas une seule minute à perdre. Le monde gobe leurs mensonges. » 
 
L’éditorial poursuit en décrivant les activités de personnes et d’organisations importantes, préparant le centenaire du génocide arménien. Le journal mentionne spécifiquement le professeur Taner Akcam, le cinéaste Steven Spielberg, les gouvernements français et arménien, l’Université de Berlin et Demoyan Hayk, le directeur du Musée du génocide en Arménie, qui est cité déclarant : « Le combat pour la reconnaissance du génocide doit être associée à un accord de restitution. Nous devons prendre les mesures juridiques nécessaires pour faire assigner la responsabilité de ce crime. » 
 
Gazete Kars liste aussi le Comité national arménien d’Amérique, l’Institut national arménien, l’Institut Zoryan et l’Institut Gomidas, comme des organisations qui ont réussi a attiré l’attention de cercles universitaires et médiatiques du monde entier sur le génocide arménien. Les romanciers turcs en vue, Orhan Pamuk et Elif Shafak, qui ont courageusement condamné les déformations que fait la Turquie sur le génocide arménien, sont accusés de jouir du soutien « des groupes de lobbying de la diaspora arménienne. » 
 
Le journal turc fait état de la formation d’un comité central de coordination à Erevan le 23 avril 2011, préparant le programme d’activités pour le 100e anniversaire du génocide arménien. Le comité, présidé par le président de l’Arménie, a organisé sa réunion inaugurale le 30 mai 2011. 
 
Le rédacteur turc se concentre ensuite sur mes articles, m’identifiant à tort en tant que « Ara » Sassounian, éditeur du California Courier. Je suis cité déclarant que « Exiger la reconnaissance de génocide n’est plus utile pour les Arméniens. Au contraire, c'est nuisible. Les Turcs sont heureux que nous nous satisfassions de cette demande. Ce que nous devrions exiger, c’est la justice. Quand on lui demande ce que la justice implique, il explique que cela signifie la restitution financière, morale et territoriale. » 
 
L’auteur turc poursuit en commentant mes idées, et déclare : « Sassounian croit que les relations entre l’Arménie et la diaspora ne sont pas parfaites et qu’il est impératif d’avoir une vue commune, particulièrement sur les questions liées à 'Hay Tad' (la cause arménienne). Sassounian croit aussi que des résultats plus probants pourraient être atteints, si on unissait les Arméniens vivant dans 100 pays sous l’égide d’un Parlement de la diaspora, composé de 350 représentants. » 
 
Gazete Kars conclut son article en décrivant certaines activités arméniennes planifiées pour le 100e anniversaire du génocide arménien : 
 
1) Préparer des publications en sept langues : arménien, anglais, français, allemand, russe, espagnol et turc. 
2) Produire des films et des documentaires, organiser des concerts et des expositions, publier des livres et du matériel académique. 
3) Tripler la surface du Musée du génocide arménien à Erevan. 
4) Créer un Comité central de coordination pour le 100e anniversaire du génocide arménien. 
5) Organiser des conférences pour les médias, établir des contacts avec les agences de presse dans 89 pays et inviter en Arménie les journalistes de la télé et de la radio de la diaspora, avant le 100e anniversaire du génocide arménien. 
6) Utiliser les technologies modernes, publier des e-books en différentes langues, et établir des contacts avec des personnalités universitaires et culturelles, des médias et de la société civile, et des organisations internationales menant des recherches sur le génocide arménien. 
7) Produire un film sur le génocide arménien avec le célèbre réalisateur indien Shekhar Kapur et le scénariste portoricain, Jose Rivera. 
 
Étant donné que les Turcs s’attendent à une débauche d’activités pour le 100e anniversaire du génocide arménien, les Arméniens doivent tout mettre en œuvre pour ne pas les décevoir ! 
 
Les rédacteurs de Gazete Kars ne semblent pas se rendre compte, qu’en réalité, les Arméniens saluent les tentatives turques visant à contrer les activités liées au centenaire du génocide, qui approche. Ce faisant, le côté turc aiderait à faire de la publicité pour la cause arménienne, au-delà de ce que les Arméniens sont capables de faire tout seuls. 
 

De : Harut Sassounian 

Éditeur de : The California Courier 
Éditorial de Sassounian du 20 décembre 2012 
 
©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 20 décembre 2012 – http://www.collectifvan.org/
 
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