Harut Sassounian. Les pays qui vendent des armes à l’Azerbaïdjan sont aussi coupables des attaques sur l’Artsakh


Harut Sassounian. Les pays qui vendent des armes à l’Azerbaïdjan sont aussi coupables des attaques sur l’Artsakh

  • 25-11-2014 18:01:15   | USA  |  Articles et analyses

Les forces armées de l’Azerbaïdjan ont commis un acte criminel le 12 novembre, en abattant un hélicoptère arménien dans les frontières de l’Artsakh, tuant trois officiers militaires. C’est la première fois depuis le cessez-le-feu de 1994 que l’Azerbaïdjan attaque un appareil arménien. 
 
Non seulement l’Arménie devrait exercer des représailles contre l’Azerbaïdjan, mais également prendre toutes les mesures diplomatiques appropriées pour identifier et condamner le pays qui a vendu à Bakou les missiles utilisés pour abattre l’hélicoptère arménien. Il faut noter que ces dernières années, Israël et la Russie ont vendu du matériel militaire perfectionné à l’Azerbaïdjan pour des milliards de dollars. 
 
Cette attaque injustifiée est en partie due à la politique d’un prêté pour un rendu à chaque incident frontalier depuis 20 ans, et au cours desquels les tireurs d’élite azéris ont tué des Arméniens et les soldats arméniens ont riposté, tuant des Azéris. Bien installé dans son palais, le président Aliyev ne semble pas se soucier de la perte de jeunes Azéris, tant qu’un nombre équivalent d’Arméniens sont tués, étant donné que les Azerbaidjanais sont plusieurs fois supérieurs en nombre (près de 10 millions) aux Arméniens (moins de 3 millions) dans leurs pays respectifs. Pour Aliyev, sacrifier des soldats azéris est un bon investissement simplement pour attirer l’attention de la communauté internationale sur le conflit non résolu du Karabagh. 
 
Les Arméniens du monde entier sont soulagés que les dirigeants de l’Arménie et de l’Artsakh aient annoncé leur réelle intention de répondre à la dernière agression azérie par une attaque massive et disproportionnée. On peut espérer qu’après une contre-offensive arménienne, Aliyev comprendra que l’Azerbaïdjan paie un prix élevé pour ses aventures militaires vouées à l’échec. 
 
Malheureusement, la réticence arménienne à lancer des opérations de représailles à grande échelle au fil des années a encouragé le despote de l’Azerbaïdjan à recourir à des attaques plus téméraires, qui ont culminé avec cet hélicoptère non équipé d’armes abattu la semaine dernière. Et ensuite ? Il fera exploser un avion de ligne rempli de passagers arméniens, comme il a menacé de le faire à maintes reprises ? 
 
Une autre situation déroutante est la poursuite des pourparlers de paix à un haut niveau entre les deux pays, alors que l’une des parties – l’Azerbaïdjan – continue de tirer ! Comment est-il possible de parler de paix et de faire feu en même temps ? À la fin de chaque rencontre, les dirigeants arméniens et azéris, ainsi que les médiateurs du Groupe de Minsk, représentant les États-Unis, la France et la Russie, déclarent régulièrement que le conflit devrait être résolu par des moyens pacifiques, alors que l’Azerbaïdjan ne cesse d’avoir un comportement agressif avant, pendant et après les négociations de paix ! 
 
Et pire encore, après chaque agression azérie, le Groupe de Minsk exhorte tant l’Arménie que l’Azerbaïdjan à faire preuve de retenue et en fait porter le blâme sur les deux parties à part égale. Une parité aussi injuste et erronée ne peut qu’encourager l’Azerbaïdjan à intensifier ses attaques. Si la communauté internationale recherche vraiment une résolution pacifique au conflit et est désireuse de prévenir un bain de sang inutile à propos de l’Artsakh, elle devrait interdire la vente d’armes à l’Azerbaïdjan et émettre une condamnation forte à chaque fois qu’il viole le cessez-le-feu. 
 
Entre-temps, le gouvernement arménien doit prendre toutes les mesures défensives nécessaires pour protéger les populations de l’Arménie et de l’Artsakh des attaques azéries injustifiées, même si pour cela elle doit mener des frappes préventives au cœur de l’Azerbaïdjan. Aliyev ferait bien de ne pas oublier que les gazoducs et les oléoducs, les champs pétroliers et les raffineries de son pays sont hautement vulnérables à de telles attaques qui sont en mesure de causer des milliards de dollars de pertes à l’économie azérie. 
 
Afin de dissuader l’Azerbaïdjan d’avoir un comportement agressif, l’Arménie doit déclarer que non seulement elle mènera des représailles, mais qu’elle gèlera aussi les pourparlers de pays pendant six mois après chaque attaque azérie. Aliyev espérant obtenir le retour de certains territoires situés à la périphérie de l’Artsakh par le biais de négociations, la suspension des pourparlers de paix retarderait et éventuellement bloquerait le retour de tout territoire quel qu’il soit. Par conséquent, après une longue interruption des négociations, Aliyev en tirerait une leçon fondamentale. Vous ne pouvez pas parler de paix et faire la guerre en même temps ! 
 
Si l’Azerbaïdjan persiste dans son attitude hostile, l’Arménie pourrait mettre fin à toutes les négociations et décider soit de reconnaître la République de l’Artsakh, soit de déclarer officiellement que l’Artsakh est une partie inséparable de l’Arménie. 
 
Si Aliyev est assez stupide pour faire la guerre, il risque de perdre davantage de territoires et voir les considérables infrastructures énergétiques de son pays détruites. Personne ne devrait prendre au sérieux les menaces répétées d’Aliyev d’envahir l’Arménie et l’Artsakh. La plupart des experts militaires affirment que l’armée de l’Azerbaïdjan est inférieure à celle de l’Arménie, en dépit des milliards de pétrodollars dépensés sans compter pour acquérir des armes dernier cri. 
 
Harut Sassounian 
The California Courier 
Éditorial du 20 novembre 2014 
 
 
 
 
 
 
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