Harut Sassounian.Amal Clooney va représenter l’Arménie devant la Cour européenne


Harut Sassounian.Amal Clooney va représenter l’Arménie devant la Cour européenne

  • 27-12-2014 12:05:24   | USA  |  Articles et analyses

Voici une information surprenante divulguée pour la première fois dans cette chronique : Amal Ramzi Alamuddin, épouse du célèbre acteur et militant des droits de l'homme George Clooney, sera l'un des avocats représentant l'Arménie à la Cour européenne des droits de l’homme le mois prochain. 
 
Certains lecteurs peuvent se demander comment une femme décrite par le magazine Elle comme ayant "une grande beauté, des robes sexy, des pantalons ajustés, des talons colorés et des cheveux magnifiques", peut être engagée dans une affaire juridique tellement complexe. 
La plupart des gens peuvent trouver étonnant qu'Amal Alamuddin, maintenant Mme Clooney, soit bien plus qu’un joli minois ! En fait, elle est parfaitement qualifiée pour cette mission cruciale. 
 
Mme Clooney est une avocate très respectée, spécialisée en droit international, droit pénal, droits de l'homme et extradition. Elle est intervenue dans le cadre de grands procès tels que la restitution des frises du Parthénon par la Grande-Bretagne à la Grèce, et elle a défendu Julian Assange de WikiLeaks et l'ancien premier ministre ukrainien Ioulia Tymochenko. Elle a également travaillé avec le procureur du Tribunal spécial de l'ONU pour le Liban et le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. 
 
Amal Ramzi Alamuddin est née au Liban en 1978 d’un père druze et d’une mère musulmane sunnite. Sa famille s'est installée à Londres lorsqu’elle avait deux ans. Ella a obtenu une licence en droit à l'école de droit de l'Université de New York et ensuite elle a été stagiaire en droit à la Cour internationale de justice (Cour mondiale). Après son retour à Londres en 2010, elle a commencé à travailler comme avocate au sein du cabinet d'avocats londonien Doughty Street Chambers. Elle a également servi comme conseillère auprès du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, comme envoyée spéciale des Nations Unies pour la Syrie et comme conseillère de l’équipe de l’ONU qui s’occupait de l’enquête sur l’usage des drones en 2013. Elle parle couramment l'anglais, le français et l'arabe. Son mariage avec George Clooney en septembre 2014 a fait la une des journaux à travers le monde. 
 
Dotée de telles références, Mme Clooney sera un atout précieux pour l'équipe juridique de l'Arménie à Strasbourg, dans le procès de Perinçek contre la Suisse devant la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l'homme le 28 janvier 2014. 
 
L'affaire concerne la condamnation par les tribunaux suisses de Dogu Perinçek, leader d'un petit parti politique turc, qui est allé en Suisse en 2005 dans l’intention explicite de nier le génocide arménien. En 2008, Perinçek a fait appel de la décision de la Suisse auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Le 17 décembre 2013, la majorité des juges de la CEDH (cinq sur sept) a déclaré que la Suisse avait violé le droit de Perinçek à la liberté d'expression. 
 
Cette décision, injuste et inacceptable, montre que pour la cour, il y a deux poids, deux mesures, car elle a considéré la négation de l'Holocauste juif comme un délit, alors que l'interdiction de la négation du génocide arménien était considérée comme une atteinte à la liberté d'expression. Les cinq juges qui se sont prononcés contre la Suisse, ont commis d'innombrables erreurs de jugement et factuelles, déformant les allégations de Perinçek, interprétant de manière erronée les lois et les décisions de justice de la Suisse, étant dépourvus des connaissances de base sur le génocide arménien et se contredisant à plusieurs reprises. Les deux autres juges n’étaient pas d’accord avec la décision de la majorité et ont soumis un rapport complet de 19 pages sur le génocide arménien, prenant le parti du tribunal suisse. 
 
Le 17 mars 2014, la Suisse a décidé de faire appel de cette décision auprès de la Grande chambre (17 juges) de la CEDH pour défendre l'intégrité de ses lois et le système juridique de son pays. Plus précisément, le gouvernement suisse a contesté la décision de la cour sur trois motifs : 
 
1) La CEDH n'avait encore jamais traité la qualification juridique du génocide et le champ de la liberté d'expression ; 
2) La restriction injustifiée de la « marge d'appréciation » mise à la disposition de la Suisse conformément à la jurisprudence de la CEDH ; 
3) La mise en place de « distinctions artificielles » -- en l'absence d'un verdict international, la CEDH aurait dû considérer les verdicts de culpabilité du tribunal turc de 1919 contre les cerveaux du génocide arménien comme des preuves liées à la jurisprudence de la Cour mondiale. 
 
L'année passée, lorsque l’instance inférieure de la CEDH examinait l'affaire Perinçek, l'Arménie n'a pas participé. Cependant, la Turquie est intervenue au procès en présentant une documentation complète qui mettait en doute la véracité du génocide. Cette fois-ci l'Arménie participera avec une équipe juridique solide qui comprend Geoffrey Robertson, l’un des plus grands avocats internationaux et auteur du livre remarquable, « Un génocide qui dérange : Qui se souvient maintenant des Arméniens ? ». Robertson sera accompagné au tribunal par son associée Amal Clooney et deux représentants du gouvernement arménien, Gevorg Kostanyan et Emil Babayan. 
 
Il est impératif qu'à la veille du centenaire du génocide arménien en 2015, la Grande chambre de la CEDH annule la décision erronée de la chambre inférieure, en restaurant l'intégrité des lois de la Suisse et en empêchant la Turquie et Perinçek d'exporter leur négationnisme du génocide en Europe et au-delà ! 
 
 
Harut Sassounian 
The California Courier 
Éditorial du 18 décembre 2014 
 
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