Harut Sassounian. Dix raisons pour lesquelles le Président Obama devrait aller en Arménie le 24 avril


Harut Sassounian. Dix raisons pour lesquelles le Président Obama devrait aller en Arménie le 24 avril

  • 27-03-2015 12:13:42   | USA  |  Articles et analyses

Le président arménien Serge Sarkissian a invité plusieurs chefs d’Etat du monde entier à Erevan le 24 avril pour commémorer le Centenaire du génocide arménien. 
 
Les présidents français, russe, polonais et biélorusse ont déjà accepté l'invitation du président Sarkissian. La Maison Blanche doit encore faire une déclaration publique pour dire si le président Obama prévoit de se rendre en Arménie pour la plus solennelle des occasions.
 
Il y a un siècle, Henry Morgenthau, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Empire ottoman, a décrit l'anéantissement systématique de 1,5 million d'Arméniens comme étant "Le meurtre d'une nation." Raphael Lemkin, un avocat juif polonais, a déclaré à CBS qu'il a inventé le terme de génocide en se fondant sur les crimes de masse commis contre les Arméniens pendant la Première Guerre mondiale et contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. 
 
Voici 10 raisons pour lesquelles Air Force One devrait faire le 24 avril un atterrissage de bon augure à l'aéroport international Zvartnots d'Erevan. 
 
1. Le président Obama devrait rendre hommage aux centaines de milliers de citoyens américains compatissants, pour leur récolte de plus de 117 millions de dollars - l'équivalent actuel de plus de 2 milliards de dollars – destinée à aider les Arméniens démunis à la suite du génocide. Initié par l'Ambassadeur Morgenthau et soutenu par le président Woodrow Wilson, le Near East Relief a aidé au sauvetage et à l’assistance de 132 000 orphelins arméniens. Cet énorme effort de bienfaisance a été le premier acte humanitaire de portée internationale dans l'histoire américaine. 
 
2. En visitant l'Arménie à cette occasion, le président Obama réaffirmerait la reconnaissance de longue date par les États-Unis du génocide arménien - un fait historique établi, reconnu comme génocide par: 
- Le gouvernement américain dans un document soumis à la Cour internationale de justice en 1951; 
- La Chambre des représentants en 1975 et 1984; 
- Le président Ronald Reagan dans une proclamation présidentielle publiée le 22 avril 1981; 
- 43 des 50 États américains; 
- Deux douzaine de pays, dont la France, l'Italie, la Russie, le Canada, la Hollande, le Vatican, la Suisse, la Suède, l'Argentine, le Liban, la Grèce, Chypre, la Pologne et le Venezuela; 
- Plusieurs organisations internationales, dont la Sous-commission des Nations-Unies pour la prévention de la discrimination et la protection des minorités 
; le Parlement européen; et l'Association internationale des Spécialistes des Génocides. 
 
3. Le Centenaire pourrait bien être la dernière chance du président Obama de regagner la confiance de la communauté arméno-américaine en honorant sa promesse solennelle de reconnaître le génocide arménien qu’il avait faite en tant que sénateur et candidat à la présidentielle. 
 
4. Le président Obama pourrait jeter les bases d'une amélioration des relations arméno-turques sur la base de la vérité et de la justice, conformément à une résolution en cours devant la Chambre des représentants, et à ses précédentes déclarations du 24 avril, établissant que « une reconnaissance complète, franche et juste des faits est dans notre intérêt à tous ». La visite du président Obama encouragerait également les militants turcs des droits de l’homme à poursuivre leur tâche ardue visant à aider le gouvernement de la Turquie à tenir compte des pages les plus sombres de son passé. 
 
5. Le président américain pourrait profiter de cette visite pour exhorter la Turquie à lever le blocus de l'Arménie, tout en jetant un œil au biblique Mont Ararat juste en face de la frontière fermée. 
 
6. En réponse aux attaques croissantes de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh (Artsakh), le président Obama pourrait souligner le soutien fort de Washington pour un règlement pacifique de ce conflit épineux. 
 
7. La visite du président Obama pourrait aider à équilibrer les relations de l'Arménie avec l'Occident, en particulier après son adhésion à l'Union économique eurasienne dirigée par la Russie, et en vue du voyage prévu de Poutine à Erevan le 24 avril. L'Arménie a bénéficié de relations étroites avec l'Europe occidentale et les Etats-Unis, et a participé à des forces internationales de maintien de la paix en Afghanistan, en Irak, au Kosovo et au Liban. Plus récemment, la nomination de l'ancien Premier ministre, Tigran Sarkissian, comme ambassadeur à Washington, souligne l'importance qu’Erevan attache à ses relations avec les États-Unis. 
 
8. Puisque le président Obama, en raison de la crise en Ukraine, n'a pas l'intention de se rendre à Moscou pour participer aux célébrations de la Journée de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale, le 9 mai, il aurait l'occasion de rencontrer le président Poutine à Erevan, dans une situation moins manifeste. 
 
9. La visite du président Obama en Arménie serait un geste significatif de bonne volonté envers la communauté arméno-américaine. La semaine dernière, 16 grandes organisations arméno-américaines ont envoyé une lettre commune au président, l’exhortant à participer aux événements du Centenaire du génocide arménien en Arménie. 
 
10. Le président Obama ferait un premier voyage présidentiel américain historique en Arménie, précédé par plusieurs hauts responsables américains: le Secrétaire d'Etat James Baker III en 1992; le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld en 2001; et la Secrétaire d'État Hillary Clinton en 2010 et 2012, lorsqu’elle a déposé une gerbe au Mémorial du génocide arménien à Erevan, comme l'ont fait tous les ambassadeurs des États-Unis chaque 24 avril, depuis l'indépendance du pays en 1991. 
 
Par Harut Sassounian 
The California Courier 
 
 
 
 
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