Harut Sassounian.Les jeunes activiste électrifient l’Arménie : leçons tirées…


Harut Sassounian.Les jeunes activiste électrifient l’Arménie : leçons tirées…

  • 04-07-2015 16:31:14   | USA  |  Articles et analyses
Il y a dix jours, lorsque de jeunes Arméniens se sont rassemblés spontanément sur la place de la Liberté à Erevan pour s’opposer à la hausse prévue des tarifs de l’électricité, personne n’aurait pensé que leurs protestations se diffuseraient dans le monde entier. À la surprise de tous, le petit rassemblement a pris de l’ampleur et plusieurs milliers de jeunes en particulier se sont réunis dans la grande avenue de la capitale, l’avenue Baghramian, où se trouvent le Palais présidentiel, le Parlement et la Cour constitutionnelle, et ils y ont passé la nuit. Les protestations se sont rapidement propagées dans les villes principales de l’Arménie. Les manifestants refusant d’évacuer l’avenue, la police les a dispersés en utilisant des canons à eau et des matraques, blessant une dizaine de manifestants et elle en a arrêté 237. La police a également interpellé plusieurs journalistes et a endommagé ou confisqué leurs caméras et magnétophones. Ces images ayant été diffusées sur les médias sociaux et divers sites, plusieurs milliers de manifestants supplémentaires sont arrivés le jour suivant, rendant le contrôle de la foule pratiquement impossible. Au moment où j’ai écrit cet article, le 29 juin au soir, les manifestants occupaient encore des parties de l’avenue Baghramian. Qui sont ces jeunes hommes et femmes et que veulent-ils ? Ils ne sont affiliés à aucun parti politique ni à des puissances étrangères, contrairement aux accusations infondées, et leur seul programme consiste à exiger que le gouvernement arménien annule la hausse de 17% du coût de l’électricité, dont la date d’entrée en vigueur est le 1er août. Ces activistes estiment qu’ils ont moralement et juridiquement le droit de bloquer les rues de la ville, car leur manifestation est pacifique et spontanée ! Ils ont appelé leur mouvement « Non au pillage ». Les autorités ont plusieurs fois essayé de persuader ces jeunes gens d’arrêter de protester. Lorsque le président Serge Sarkissian a proposé de les rencontrer, les manifestants ont décliné l’offre, exigeant que la rencontre soit retransmise en direct à la télévision. La proposition du gouvernement de subventionner le coût plus élevé de l’électricité en fournissant une aide accrue à plus de cent mille familles démunies a également été rejetée. Enfin, la décision du président de geler la hausse tarifaire, jusqu’à ce qu’une société internationale d’audit évalue les données financières de Energy Network of Armenia, une filiale d’une entreprise russe, afin de voir si le nouveau tarif est justifié, a également été refusée. Le premier répit dans cet affrontement tendu a eu lieu dimanche soir, lorsque les organisateurs de la manifestation ont accepté l’offre de la police de repartir sur la place de la Liberté pour éviter une autre confrontation sanglante. Lundi soir, ils ont annoncé qu’ils mettaient fin à leur manifestation et décideraient rapidement de leur prochaine initiative. Cependant, la plupart des manifestants ont refusé de suivre la ligne des organisateurs et ont passé une autre nuit au milieu de l’avenue Baghramian, en scandant : « Nous sommes les maîtres de notre pays. » Cette nouvelle génération d’hommes et de femmes est désenchantée par les autorités et l’opposition politique. Cependant, plutôt que d’abandonner et quitter leur pays comme tant
 
d’autres, les organisateurs des manifestations sont descendus dans la rue pour défendre les droits du peuple. Ces activistes ont montré que bien qu’ils n’aient ni pouvoir, ni richesse, ni position officielle, ils sont capables d’être à la hauteur de la situation quand c’est nécessaire et de rallier les masses, inspirant le respect forcé des autorités ! On peut ne pas être d’accord avec la tactique des manifestants, mais on ne peut qu’admirer leur sincérité et leur engagement pour le bien-être de leurs compatriotes ! Il faut tirer trois leçons importantes de ces événements récents : 1) L’avenir de l’Arménie sera entre de bonnes mains tant qu’il y aura des jeunes de la nouvelle génération, tels que ceux qui se sont rassemblés spontanément la semaine dernière dans les rues d’Erevan ; 2) Les partis politiques de l’opposition en Arménie ont peu de chance d’arriver au pouvoir prochainement, sauf s’ils remanient complètement leur politique, attirent des jeunes intelligents, engagés et inventifs dans leurs rangs, et leur permettent d’atteindre des positions de leadership ; 3) Les habitants de l’Arménie ont éprouvé une profonde défiance envers tous les gouvernements successifs, avant et depuis l’indépendance. Les dirigeants en place sont confrontés à un problème bien plus grave que celui du tarif de l’électricité. Pour l’Arménie, établir une société démocratique et juste, dans laquelle les citoyens peuvent vivre dans la dignité, la prospérité et la paix, est un impératif existentiel. Les Arméniens n’auraient pas besoin de protester à Erevan s’il existait des mécanismes efficaces auxquels les gens pouvaient croire pour défendre leurs droits civiques fondamentaux et garantir leur bien-être économique.
 
 
Harut Sassounian The California Courier Éditorial 
 
 
 
 
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