Interview avec Marlène Mourier, maire de Bourg-les-Valence, ville signataire d'une charte d'amitié avec Chouchi.


Interview avec Marlène Mourier, maire de Bourg-les-Valence, ville signataire d'une charte d'amitié avec Chouchi.

  • 07-10-2015 17:13:22   |   |  

Interview avec Marlène Mourier, maire de Bourg-les-Valence, ville signataire d'une charte d'amitié avec Chouchi.

Madame le Maire, il y a un an, vous veniez de signer une charte d'amitié avec Chouchi, ville d’une importance particulière pour le monde arménien tout entier, en dépassant bien les seules frontières du Karabagh. Quels sont les résultats de la signature de la charte une année après?

- Il y a un an, lorsque je suis rentrée de Chouchi où j'ai vraiment compris ce qui s'était passé dans le Haut-Karabagh, j'ai voulu en faire part tant aux administrés qu'à la diaspora au sens large, sur toute l'agglomération de Valence. Alors, je les ai réunis lors d'une soirée de débat-conférence pour faire connaître ce qui se passait dans cette république qui méritait à ce qu'elle soit reconnue en tant que pays. Je pense qu'au travers de cette soirée durant laquelle il y a eu beaucoup d'échanges entre les presque 400 personnes présentes, les élus se sont sentis concernés par ce qui se passait et c'est de là, où Bourg-lès-Valence, la ville que je représente, a été, ne soyons pas modeste, la locomotive et qui a pris le wagon de Valence et, finalement, le plus gros wagon qui est celui de la Drôme puisque la Drôme est le premier département de France à avoir signé une charte avec le Haut-Karabagh, un précédent très important. Comme je dis toujours, les petits ruisseaux font les grandes rivières, je pense que ces signatures de Chartes en appelleront d'autres.

Donc le premier objectif, qui était de ne pas être la seule ville de la Drôme à avoir signé cette charte d'amitié, était atteint. La coopération culturelle que nous avons mise en place avec Chouchi, nous l’avons commencée tout de suite avec la ministre de la Culture Mme Narine Aghabalian. Deux mois après mon arrivée en France, elle a souhaité venir me rencontrer parce que je suis aussi vice-présidente de la Culture à l'agglomération. Nous avions échangé sur les studios Folimage qui sont dans ma commune et qui créent des films d'animation. Lorsque Mme Aghabalian est venue à Bourg-lès-Valence, nous avons visité ces studios, elle a été tout de suite séduite et a eu envie de faire connaître cela dans le Haut-Karabagh aussi où on a présenté par la suite les films de Folimage.

On a vu le premier jet de la suite de la coopération entre Folimage et Artsakh lors de la visite de Chouchi. Il faut s'attendre à ce qu'il y ait d'autres collaborations et d'autres produits...

- Absolument. Et puis, au niveau de Chouchi, il est dommage qu'il n'y ait pas plus de touristes que cela parce que cette ville est quand-même le symbole de la libération des terres de l'Artsakh - je parle plus de Chouchi que de l’ensemble du Haut-Karabagh puisque c’est avec cette ville que j'ai signé une charte d'amitié -, et comme j'ai été nommée secrétaire nationale au tourisme par Nicolas Sarkozy, la future note que je dois établir, j’y parlerai bien évidemment du tourisme au Haut-Karabagh, domaine qui sera inclus dans nos projets futurs.

Donc vous donnerez vos recommandations et vos conseils d’aller visiter le pays en allant en quelque sorte à l’encontre du Quai d'Orsay dont le site ne recommande pas aux Français d'aller au Haut-Karabagh ?

- Je crois qu'il faut faire en fonction de ses convictions. Même si aujourd'hui on est tous sur une liste noire - et je dis toujours que c'est un honneur d'être sur la liste noire -, quand on vient ici, on voit bien que c'est une terre qui appartient aux Arméniens et que l'Azerbaïdjan n'a pas le droit de s’approprier, que s'il faut se battre contre cela, il ne faut pas lâcher. Et on voit bien que le peuple du Haut-Karabagh ne lâche rien, que ce sont vraiment des héros qui permettent aux enfants de vivre sur la terre de leurs ancêtres. Quand je vois ces enfants du Haut-Karabagh qui expriment une force, une joie de vivre, j'ai envie d'amener tous les enfants de France ici.

Avez-vous prévu d'autres déplacements dans le Haut-Karabagh accompagnée éventuellement d’une délégation comme vous l’avez fait cette fois-ci ?

- Nos futurs voyages seront au fil de l’évolution de nos projets communs. Sinon, c’est vrai qu’on était nombreux à venir du département de la Drôme : Bourg-lès-Valence, Valence, et on a beaucoup élargi. Toutes les personnes ici présentes vont être des relais à leur tour. De plus, la présence des médias qui a été encore plus conséquente parce qu'il y avait des médias nationaux qui ont été présents en nombre et qui vont faire le relais de tout ce qui se passe ici. En fait, les Français vont pouvoir dire « Mais finalement, où est-ce que c'est, ce Haut-Karabagh ? Qu'est-ce qui se passe là-bas ? Pourquoi les élus y vont-ils ? ». Peut-être que cela donnera l'envie d'y aller, et on va revenir entiers car il n'y a pas d'inquiétude à avoir, même si on sait qu'il y a des violations incessantes de l'Azerbaïdjan. Je crois qu'il faut assumer le fait que ce pays doit être reconnu.

Source : Le Courrier d’Erevan

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