« Nous n’avons pas le droit de décevoir le peuple du Karabagh »


« Nous n’avons pas le droit de décevoir le peuple du Karabagh »

  • 09-10-2015 13:00:17   | Arménie  |  Politique

François Rochebloine, Député de la Loire, Président du Cercle d'Amitié France-Karabagh, faisait partie de la délégation française lors des Journées françaises en Artsakh. Mais son enthousiasme, son charisme et sa maîtrise des sujets franco-arméniens faisaient que, malgré lui, il se retrouvait souvent dans le rôle du chef de la délégation.

- Monsieur Rochebloine, vous suivez depuis les premiers jours les relations entre l'Arménie indépendante et la France, mais le destin (ou votre volonté) a fait que vous êtes également la personne qui a inspiré les relations entre la France et le Haut-Karabagh. Remontons un peu aux sources de ces amitiés.  

La première fois que je suis venu en Arménie, c'était en 1990 : le pays était encore soviétique. Puis, j’y suis revenu en 1991, lors de la proclamation de l’indépendance, et j'ai eu l'honneur d’y représenter l'Assemblée nationale.
Ce nouveau voyage au Karabagh était pour moi le onzième et le trentième voyage en Arménie. Je suis venu pour la première fois au Karabagh en 1993, et c'est là que j'ai fait la connaissance de Robert Kocharyan - qui était alors le chef des armées - avec lequel, comme aujourd'hui avec Serge Sargsyan, j'ai noué des liens de confiance et d'amitié. Je suis fier aujourd'hui d'avoir été le rapporteur de la loi relative à la reconnaissance du Génocide arménien par la France : j’avais utilisé à l'époque la niche parlementaire de mon groupe pour que cette proposition de loi soit adoptée.  

- Et actuellement, vous êtes le président du cercle d’amitié France-Karabagh. Comment s’est-il formé ?
- Il y a des circonstances dans la vie qui font que si le gouvernement (français, ndlr) à l'époque n'avait pas cédé à la pression des Azéris, il y aurait aujourd'hui un groupe d'études sur la question du Karabagh. Devant l'impossibilité de créer ce groupe d'études, nous avons décidé avec Hovhannes Guevorgyan, le représentant du Haut-Karabagh en France, un homme assez exceptionnel, un vrai diplomate, plein de bon sens, pour lequel j'ai une affection et une admiration profondes, de créer un cercle d’amitié. Ce cercle d'amitié a permis de s'élargir au delà des parlementaires en exercice et tous animés par la volonté d'un véritable engagement.

- Qui sont les membres du cercle d’amitié France-Karabagh ?
- On a des députés, des anciens députés, des sénateurs, des anciens sénateurs, mais aussi des représentants des collectivités locales, des maires, des conseillers généraux et régionaux. Donc déjà, le cadre est élargi, et nous souhaitons l'élargir encore à des responsables économiques, culturels, sportifs de manière à ce que chacun puisse y apporter sa pierre. C'est là, je pense, qu'on arrivera à faire "plier" l'Azerbaïdjan niant la situation.
De plus, le jumelage entre les villes françaises et karabaghiotes n'étant pas possible, on a trouvé la formule des chartes d'amitié, et je me réjouis de voir qu'il y a sept villes et un département qui les ont signées. C'est un fait très positif. Je rappelle que le cercle d'amitié n'a que deux ans d'existence (depuis mars 2013). Et s'il y a deux ans, on nous avait dit qu'on aurait ce que l'on a et qu'on aurait ce premier festival des journées françaises, moi-même, j'aurais eu des difficultés à y croire.

- Vous avez mentionné lors de votre allocution à l'Assemblée nationale de l'Artsakh ces communes karabaghiotes et françaises liées désormais par des chartes d’amitié. Pourriez-vous nous les rappeler?
- Parmi les communes françaises signataires, on compte Les Pennes-Mirabeau, Bouc-Bel-Air, Valence, Bourg-lès-Valence, Villeurbanne, Sarcelles et Vienne avec comme partenaires karabaghiotes respectivement les villes de Martouni, Askeran, Stepanakert, Chouchi (pour deux villes à la fois : Bourg-lès-Valence et Villeurbanne) et Martakert. Quant au huitième signataire, à savoir le Conseil départemental de la Drôme, celui-ci a été le premier des départements français à signer la charte avec l’ensemble de la République du Haut-Karabagh !aut-Haut
 
- Comment qualifiez-vous le Festival des Journées françaises auquel on vient d’assister en Artsakh: comme un événement culturel, politique, linguistique?
- Je le qualifierai en un mot comme « exceptionnel ». Exceptionnel parce qu'on a fait beaucoup de choses : d'abord, cette rencontre avec l'Assemblée nationale, avec les maires et les communes du Haut-Karabagh (Artsakh) ayant signé des chartes d'amitié avec les communes françaises. Au cours des échanges, les représentants français de chaque collectivité ont dit ce qu'ils pouvaient apporter à l'Artsakh, et ont signé la déclaration commune à l'unanimité après discussions : une véritable démocratie, c'est important de le souligner aussi.
C'est également un acte très fort sur le plan culturel : on a eu la chance d'avoir le sculpteur Toros qui a offert à Stepanakert une œuvre absolument magnifique, la statue « L’Infini », de poser la première pierre de la Maison de la Francophonie Paul Eluard. Puis, on a eu l'inauguration du lycée professionnel Yeznik Mozian à Chouchi, et je tiens à remercier celui qui a fait le legs, ainsi que sa famille avec, notamment, M Aydabirian qui a fait en sorte que le souhait de M Mozian soit réalisé. Un grand merci également au Fonds arménien de France avec Betros Terzian qui nous a démontré sa capacité des investissements. Et finalement, le concert de Patrick Fiori – un artiste d’une gentillesse, d’une simplicité qu’on a été heureux de partager – qui avait rassemblé une foule sur la place de la Renaissance. Il y a eu beaucoup de convivialité, d'amitié et de chaleur.

- « Journées exceptionnelles, bilan très positif », comme vous le dites. Quelle en serait la suite ?
- On a pris des engagements qui doivent être tenus. Il s’agit d’engagements tels que la construction de la maison Paul Eluard, la création des relations sur le plan économique, sur le plan médical, mais aussi celui de la formation pour permettre à des jeunes de se former, d'apprendre le français également et aussi d’apprendre à former comme c’était le cas des formateurs du lycée Yeznik Mozian qui ont été accueillis au CFA de Saint-Etienne. Nous n’avons pas le droit de décevoir le peuple du Karabagh !

 

Source: Le Courrier d'Erevan

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