De ses quatre enfants, elle serait la préférée du chef de l'État turc, sorti grand vainqueur des élections de ce week-end. Elle constitue d'ailleurs un atout politique précieux dont Recep Tayyip Erdogan n'hésite pas à faire usage.
C'est un peu la «claude Chirac turque». Comme cette dernière, Sumeyye Erdogan a toute la confiance de son père qu'elle conseille et accompagne très souvent dans ses voyages. Mais à la différence de Claude Chirac, la cadette des quatre enfants du couple présidentiel turc n'agit pas seulement en coulisses. Encore célibataire à 30 ans, ce qui est rare dans ce milieu islamoconservateur turc, alors même que son père attend de ses concitoyennes qu'elles fassent trois enfants, Sumeyye garde profil bas tout en jouant un vrai rôle politique.
Début 2015, Recep Tayyip Erdogan aurait songé à inscrire sa fille sur la liste des candidats du Parti de la justice et du developpement (AKP, islamoconservateur) aux législatives. Élue députée, Sumeyye était assurée de pouvoir bénéficier de l'immunité parlementaire. Car en 2014, son nom est apparu dans un énorme scandale de corruption, touchant le gouvernement ainsi que son père. L'affaire a été rendue publique par la diffusion sur internet de plusieurs bandes audio. Dans l'une de ces bandes, désormais fameuse, mais encore sujette à authentification, Recep Tayyip Erdogan ordonne à son fils, Bilal, de cacher de grosses sommes d'argent et lui recommande de s'aider de sa plus jeune sœur dont on devine qu'il la juge plus dégourdie.
La fille du complot
À la suite de ces révélations, Sumeyye Erdogan a adopté la ligne de défense paternelle selon laquelle ces accusations avaient été fomentées par l'ancien allié de l'AKP, le mouvement de Fetullah Gülen (un imam résident en Pennsylvanie) pour faire tomber le gouvernement.
Mais le président Erdogan a finalement renoncé à proposer la candidature de sa fille pour le scrutin du 7 juin puis du 1er novembre. Sans doute a-t-il compris que cela aurait été mal perçu par un grand nombre de responsables de son parti, toujours sensibles à ces accusations de corruption. Puis le nom de Sumeyye est apparu à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale à propos d'un fumeux projet d'assassinat dont elle aurait été l'objet. Début 2015, trois journaux proAKP avaient en effet «révélé» l'existence d'un supposé complot contre la fille cadette du président de la république de Turquie. Une façon pour le président Erdogan de se poser une nouvelle fois, lui et sa famille, en victimes. Et de récolter la sympathie populaire.
Lire la suite: http://www.slate.fr/story/109315/sumeyye-erdogan-atout-president