Les Arméniens doivent contrer les pressions exercées par l’Azerbaïdjan sur Israël pour nier le génocide arménien . Harut Sassounian


Les Arméniens doivent contrer les pressions exercées par l’Azerbaïdjan sur Israël pour nier le génocide arménien . Harut Sassounian

  • 09-11-2015 11:03:08   | USA  |  Articles et analyses

Étant donné que les relations entre Israël et la Turquie sont devenues de plus en plus tendues ces dernières années, passées d’une alliance stratégique à une franche hostilité, de nombreux analystes commencent à se poser des questions sur la réaction anormalement silencieuse du gouvernement israélien aux diatribes antisémites et aux actes anti-israéliens du président turc Erdogan. 
 
Dans ces circonstances, les Arméniens et leurs partisans sont consternés face à la complicité continue du Premier ministre Benjamin Netanyahou avec le négationnisme du gouvernement turc vis-à-vis du génocide arménien et le blocage de sa reconnaissance par la Knesset (le Parlement). 
Certains experts du Moyen-Orient proposent deux explications sur l’attitude consternante d’Israël : 
 
1) Malgré l’apparente animosité entre Israël et la Turquie, les deux pays continuent à partager leurs renseignements clandestins et le commerce des armes. 
 
2) L’Azerbaïdjan, le petit frère de la Turquie, joue un rôle agressif pour faire pression sur Israël afin que le pays ne reconnaisse pas le génocide arménien, en utilisant comme moyen de pression ses achats d’armes israéliennes pour des milliards de dollars et en fournissant à Israël des produits pétroliers indispensables ainsi qu’une base à Bakou pour infiltrer et espionner l’Iran avec lequel l’Azerbaïdjan a une frontière de 650 kilomètres. 
 
Le gouvernement israélien est devenu tellement sensible aux diktats de l’Azerbaïdjan que lors d’une visite récente du ministre arménien des Affaires étrangères Édouard Nalbandian à Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères a grossièrement refusé de le voir. Ce n’est que grâce à une intervention de dernière minute que M. Nabaldian a réussi à rencontrer le président d’Israël. 
 
Un article paru dans The Jerusalem Post le 1er novembre illustre parfaitement l’étendue de la complaisance d’Israël envers l’Azerbaïdjan. Quand la plupart des groupes occidentaux, y compris l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont refusé de contrôler les élections parlementaires en Azerbaïdjan, en raison des restrictions imposées par Bakou, quatre membres israéliens de la Knesset se sont précipités en Azerbaïdjan pour montrer leur soutien au régime despotique d’Aliyev ! 
 
La délégation israélienne, menée par l’ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, aujourd’hui président du groupe parlementaire Israël-Azerbaïdjan, comprenait l’ex-ambassadeur aux États-Unis, Michael Oren, Sofa Landver et Yoel Razbozov. 
 
The Jerusalem Post a rapporté que Lieberman, en tant que ministre des Affaires étrangères, « avait œuvré au renforcement des relations israéliennes avec l’Azerbaïdjan » et l’a cité déclarant à Bakou que « c’est un pays important et un grand ami d’Israël… Même à l’époque de l’Union soviétique, l’Azerbaïdjan était connu pour sa façon de bien traiter sa communauté juive et il n’y a pas d’antisémitisme ici. Nous devons continuer à renforcer nos relations avec l’Azerbaïdjan. » Azernews l’a également cité disant au Azeri Elections Media Center que l’Azerbaïdjan « est un modèle de démocratie, de stabilité et de politique étrangère réussie. » La plupart des personnes informées ignoreraient ces déclarations ridicules et fausses. 
 
On peut se demander pourquoi l’ex-ministre des Affaires étrangères est tellement soucieux de blanchir les pratiques antisémites passées et présentes de l’Azerbaïdjan ? Une fois les quatre députés de la Knesset revenus de Bakou, il faudrait leur demander de montrer les cadeaux somptueux qu’ils ont reçus en échange de leur approbation des élections frauduleuses en Azerbaïdjan. Il n’est pas surprenant qu’Aliyev ait maintenu fermement son emprise sur le pouvoir après que son parti a obtenu la majorité au Parlement, sachant que l’opposition a boycotté les élections de dimanche dernier. 
 
The Jerusalem Post a rapporté que « L’Azerbaïdjan est considéré comme le pays musulman le plus amical envers Israël et les deux pays ont des liens étroits et des échanges commerciaux importants. L’Azerbaïdjan est le plus gros fournisseur de pétrole d’Israël et le commerce entre les deux pays atteint la somme de cinq milliards de dollars, ce qui est plus qu’avec la France. Ces dernières années, Lieberman, puis le président Shimon Perez et le ministre de la Défense Moshe Ya'alon, se sont rendus à Bakou. » 
 
En poursuivant ses ventes d’armes pour sa politique pétrolière, les responsables israéliens ont complaisamment ignoré les graves violations des droits humains commis par l’Azerbaïdjan, le manque de liberté d’expression et l’emprisonnement des journalistes et des activistes, y compris Leyla Yunus, responsable de l’Institut pour la paix et la démocratie, basé à Bakou et la journaliste d’investigation Khadija Ismayilova de Radio Free Europe. 
 
Si le fait qu’Israël et l’Azerbaïdjan poursuivent leurs propres intérêts peut être compréhensible dans une certaine mesure, même si les moyens sont condamnables, l’Arménie doit aussi poursuivre ses propres intérêts nationaux et contrer les actions de tout pays qui met en danger sa sécurité et remet en cause le génocide. Le gouvernement arménien doit faire savoir clairement aux officiels israéliens qu’en vendant des armes sophistiquées à l’Azerbaïdjan, pour des milliards de dollars, ils portent la responsabilité de la mise en danger de milliers de vies arméniennes. Les dirigeants azéris ont annoncé publiquement leur intention d’utiliser les armes acquises auprès d’Israël pour attaquer le Nagorno Karabagh (Artsakh) et l’Arménie. 
 
Enfin, l’Arménie devrait prévenir l’Azerbaïdjan que sa négation injustifiée du génocide arménien et ses pressions sur d’autres pays, tel qu’Israël, pour qu’ils rejoignent la cause négationniste, éveillera davantage l’antagonisme des Arméniens, rendant ainsi impossible pour eux d’accepter toute concession sur le conflit de l’Artsakh. 
The California Courier 
 
 
 
  -   Articles et analyses