L´APCE une filiale du Mili Mejlis (parlement) azerbaïdjanais ?


L´APCE une filiale du Mili Mejlis (parlement) azerbaïdjanais ?

  • 09-11-2015 12:53:02   | Arménie  |  Politique

Les quotidiens commentent l’approbation, par la Commission des questions politiques de l’APCE, du projet de résolution « Escalade de la violence dans le Haut-Karabakh et le s autres territoires occupés en Azerbaïdjan » dont l’auteur est le parlementaire britannique Robert Walter, qui est également citoyen turc. Lors d’un point de presse, Chavarche Kotcharian, vice-ministre des Affaires étrangères, a attiré l’attention sur le fait que ce parlementaire avait dirigé en 2013 une mission d’observation des élections présidentielles en Azerbaïdjan. Selon M. Kotcharian, il avait « bien évidemment » présenté dans son rapport le scrutin azerbaïdjanais comme « brillant », ce qui avait même suscité l’ironie de la presse britannique, à tel point que le journal Guardian l’avait accusé d’avoir été corrompu par le caviar, les tapis de soie, les spiritueux et l’argent azerbaïdjanais. « Il est très difficile dans des structures pareilles de faire face aux énormes pétrodollars de l’Azerbaïdjan. Ce pays trouve les côtés faibles des gens, les corrompt et, ceux-ci, par leurs actions, jouent avec l’autorité du Conseil de l’Europe, tandis que cette structure est censée promouvoir les droits de l’Homme et les valeurs européennes ». M. Kotcharian a rappelé une déclaration du chef de la délégation azerbaïdjanaise à l’APCE, qui avait estimé que « l’APCE est à notre possession »...

 Un autre vice-Ministre des AE, Karen Nazarian, a pour sa part estimé que l’adoption de ce projet de résolution pourrait entraver les efforts de médiation dans le règlement du conflit du HK. De surcroît, l’APCE n’a pas de mandat pour le règlement de ce conflit et un projet de résolution d’une telle teneur ne devait en général pas y être discuté. Cela étant, M. Nazarian ne considère pas que l’adoption de ce projet par la commission politique de l’APCE est un échec pour la diplomatie parlementaire arménienne.

Dans un entretien avec Hayots Achkhar, David Babayan, porte-parole du « Président du HK », considère également que l’on ne saurait accuser la délégation arménienne à l’APCE d’avoir accompli un mauvais travail : l’Azerbaïdjan a tout simplement dépensé des millions de dollars et corrompu l’auteur du projet, comme d’autres parlementaires. Il serait donc très difficile, voire impossible, de contrecarrer ce processus. « L’APCE s’est transformée en un pavillon du bazar oriental, ce qui est un coup dur à la démocratie. L’Azerbaïdjan a trempé l’APCE dans le caviar et le pétrole, et qui que soient les membres de la déléga tion arménienne, ils seraient impuissants face à l’argent et la corruption ». M. Babayan relève que ce projet de résolution, même s’il est adopté par l´APCE en janvier, n’aura aucune valeur politique et juridique pour le règlement du conflit. Il restera dans les archives et sera vite oublié. En d’autres termes, l’Azerbaïdjan a dépensé un énorme budget pour un document inutile...

Naïra Zohrabian, présidente du parti Arménie prospère et membre de la délégation arménienne à l’APCE, relève dans Hayots Achkhar n’être point surprise par la décision de la commission politique, l’APCE s’étant transformée depuis des années en une « filiale du Mili Mejlis azerbaïdjanais ». Selon elle, l’Azerbaïdjan a notamment concentré tout son lobby et ses ressources financières sur la commission des questions politiques de l’APCE où sont adoptés tous les projets importants pour l’Azerbaïdjan... S’agissant des critiques à l’adresse du travail de la délégation arménienne, Mme Zohrabian affirme qu’elle est prête à céder sa place de membre de la délégation arménienne à quiconque capable de mener un travail plus effectif.

Selon Haykakan Jamanak, citant des membres de la délégation arménienne à l’APCE, chaque mois de 160 à 165 parlementaires étrangers recevraient un « salaire mensuel stable de 10 000 $ du clan Aliev ». Selon Hraparak , des jours encore plus difficiles attendent la délégation arménienne à l’APCE, dans la mesure où un parlementaire espagnol, connu pour sa position proazerbaïdjanaise, Pedro Agramund, est susceptible de devenir président de cette structure en janvier.

 

Revue de presse du 6 novembre 2015 de l’Ambassade de France en Arménie

 

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