A Vernissage, l'immense marché aux puces à ciel ouvert, situé au centre d'Erevan, la capitale arménienne, on trouve moins de breloques et de colifichets soviétiques que jadis. En revanche, le coin des étals des bijoutiers s'est étoffé, et les artisans y parlent rarement le russe, la lingua franca postsoviétique. Nombre d'entre eux sont des Arméniens de Syrie, pays qu'ils ont massivement quitté depuis 2012, chassés par la guerre civile, pour trouver refuge dans une petite Arménie tout sauf prospère. Pourtant, point de camps de transit ici, ni d'images de naufrage et désolation, comme on en a vu ailleurs. Il est vrai que ce petit pays du Caucase aride et montagneux accueille en fait essentiellement des cousins éloignés, arménophones et chrétiens, comme eux.
Un point que le haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Antonio Guterres, n'a pas manqué de souligner, en rappelant que « la protection doit être offerte aux réfugiés, indépendamment de leur origine ethnique ». Si les Arméniens de Syrie, pour la plupart originaires d'Alep, de Damas et de Kessab, ont bien fui un danger de mort dans leur pays, depuis 2012, les premiers sont arrivés en avion de ligne régulière, par vol direct d'Alep. D'autres ont transité par le Liban. Les derniers, une fois la frontière turque franchie, ont dû faire un détour par la Géorgie pour gagner l'Arménie, la frontière arméno-turque étant tenue fermée par Ankara.
Dans le centre d'Erevan, où une richesse insolemment opulente côtoie le plus grand dénuement, nombre de ces réfugiés ont ouvert de coquettes petites échoppes de restauration rapide, décorées de photos du pays, proposant des plats aux saveurs épicées. Dans la ville en tuf rose, où règne un parfum d'indolence par 30 °C fin septembre, ces Arméniens venus d'Orient, dont beaucoup d'artisans, ont apporté savoir-faire et traditions, pour le plus grand plaisir des autochtones. « C'est une richesse pour notre pays, car ils sont cultivés et travailleurs, se réjouit la quasi-nonagénaire Biurag Ichranyan. Depuis l'éclatement de l'URSS, voilà vingt-cinq ans, on était plutôt habitués à voir les gens quitter ce pays que l'inverse ! ».
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