À l’approche de la COP21 – c’est ainsi que l’on appelle la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques que Paris accueillera du 30 novembre au 11 décembre 2015 -, les occasions se multiplient de discuter climat, sous toutes ses angles, sur toutes les plates-formes, avec tous les acteurs concernés. La rencontre de l’ambassadeur de France en Arménie Jean-François Charpentier avec les jeunes francophones d’Arménie tenue le 19 novembre au centre The LOFT à laquelle les étudiants francophones de diverses universités de la capitale avaient été nombreux à répondre présents s’inscrivait dans ce même contexte.
La responsabilité de l’homme dans les changements climatiques n’est plus discutable, et si nous nous opiniâtrons à rester fidèle au chemin emprunté, nous risquons de devoir faire face bientôt à un réchauffement qui dépasse le seuil des 2ºC acceptables. Changement qui ne paraît pas important en chiffres mais qui représente une réelle menace à la biodiversité, à la sécurité alimentaire et à la santé sur toute la planète et risque de couper court à toute question sur un développement durable. À la lumière d’un tel futur, la conférence de Paris sur le climat apparaît comme une « dernière chance » de revoir nos comportements à toutes les échelles, depuis les « simples » citoyens jusqu’aux États, en passant par les ONG et les entreprises. « Si on repousse les engagements internationaux, les conséquences seront déplorables », a averti l’ambassadeur Charpentier durant la rencontre.
Pourtant, cela avait été le cas aux conférences précédentes dont les accords finals ont à chaque fois eu du mal à s’affranchir de leur nature déclarative - les réalités, les possibilités et les exigences concernant les questions environnementales étant différentes d’un pays à l’autre -, ce qui n’a pas manqué de provoquer la déception de la communauté internationale. C’est pour mettre fin à ce schéma que la présidence française a décidé d’inverser la logique des négociations à la conférence de Paris, en optant pour un travail préalable avec les États en vue d’un accord« juridiquement contraignant, à la fois ambitieux et suffisamment réaliste, différencié et flexible » qui soit applicable pour tous et adaptable à l’évolution de la situation.
Au lieu d’imposer une solution, la COP21 entend se dérouler donc « sur une base de transparence et d’ouverture » où tout participant sera écouté et les particularités de sa propre réalité prises en considération. Dans ce contexte, près de 150 États, ce qui représente environ 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont déjà répondu à l’appel de Paris de déposer leurs objectifs de lutte contre le réchauffement climatique dont, d’ailleurs, les États-Unis et la Chine, deux des plus gros pollueurs de la planète qui ne s’étaient pas toujours montrés très « environmentaly fiendly » à des conférences précédentes en refusant de signer les accords finals.
La question des financements sera un autre élément clé des négociations à Paris, avec comme objectif d’atteindre dès 2020 les 100 milliards de dollars annuels mobilisés à l’international pour faire face au défi climatique. La France s’est d’ailleurs déjà montrée exemplaire, en s’engageant à augmenter ses financements pour le climat jusqu’à 5 milliards de dollars annuels, soit 5 % de la contribution internationale, « un engagement très fort » pour l’ambassadeur Charpentier, surtout que la population française ne représente que 1 % de la population mondiale.
La COP21 tentera de répondre aussi à l’épineuse question du suivi des engagements et de l’introduction d’un éventuel mécanisme de sanctions vis-à-vis des pays contrevenants. Face à l’idée des jeunes arguant que les pays développés brideraient le développement des pays émergeants en leur interdisant ce qui a permis leur propre essor, à savoir l’exploitation de la nature, Jean-François Charpentier a remarqué que c’est un débat dépassé : « Il n’y a pas de contradiction entre développement et protection de l’environnement ». C’est d’ailleurs, selon l’ambassadeur, le message fondamental de la conférence de Paris : « La lutte contre les changements climatiques est une opportunité et pas une contrainte ». Preuves à l’appui, le succès de l’économie verte comme secteur d’innovation, de création d’emplois et de croissance ans nombre de pays émergeants.
Revenant à l’Arménie qui figure parmi les 190 pays participants à la Conférence,« elle n’est pas un pays très pollueur », a remarqué l’ambassadeur, ce qu’elle doit en effet à la quasi-absence de l’activité industrielle sur son sol depuis la chute de l’URSS. Par contre, il a pointé sur l’état des transports et l’abondance des sacs plastiques - que l’on s’acharne à donner presqu’en paquets dans les magasins et les supermarchés arméniens – dont les effets nuisibles sur l’environnement ne sont pas à négliger.
Dans huit jours, le rendez-vous mondial donné à Paris sera, certes, écologique avant tout, mais les attentats de Paris l’ont immanquablement teinté d’un message politique aussi, et c’est ce par quoi l’ambassadeur a conclu son intervention :« Nous ne nous laissons pas impressionner ». L’enjeu de la COP21 est mondial, et il y a tout un travail derrière que Paris entend mener à son aboutissement.
Source: Le Courrier d'Erevan