Reporters sans frontières
Azerbaïdjan
Khadija Ismaïlova condamnée en appel : RSF dénonce un “verdict écoeurant”
Publié le mercredi 25 novembre 2015.
La condamnation à sept ans et demi de prison de la célèbre journaliste indépendante Khadija Ismaïlova a été confirmée en appel, le 25 novembre 2015. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un “verdict écoeurant” et appelle la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour obtenir la remise en liberté de la journaliste.
Sans surprise, la cour d’appel de Bakou a confirmé le verdict rendu le 1er septembre contre Khadija Ismaïlova. Reconnue coupable d’”évasion fiscale”, “abus de pouvoir”, “détournement de fonds” et “activité commerciale illégale”, la journaliste a été condamnée à une peine de sept ans et demi de prison. La Cour suprême doit encore examiner le dossier, mais Khadija Ismaïlova va d’ores et déjà être transférée dans une prison pour femmes.
“La justice azerbaïdjanaise continue de jouer une tragi-comédie dont le scénario est écrit depuis longtemps par le président Ilham Aliev, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Cette affaire est politique depuis le début, aussi nous incitons les partenaires internationaux de Bakou à s’adresser au plus haut niveau pour exiger la remise en liberté immédiate de Khadija Ismaïlova. Tout le monde le sait en Azerbaïdjan : c’est son travail journalistique et son activisme pour les droits de l’homme qui valent à la journaliste d’être en prison.”
Figure de proue du journalisme d’investigation, Khadija Ismaïlova est réputée pour ses enquêtes sur la corruption au sommet de l’Etat. Impuissantes à la faire taire malgré de multiples manœuvres d’intimidation, les autorités l’ont finalement arrêtée en décembre 2014.
Après avoir anéanti tout pluralisme médiatique, le régime d’Ilham Aliev orchestre depuis deux ans une répression sans précédent contre les dernières voix critiques. Onze autres journalistes et blogueurs sont actuellement incarcérés pour avoir fait leur travail d’information. Le procès de l’un d’entre eux, Raouf Mirkadyrov, s’est ouvert le 4 novembre, à huis clos, après un an et demi de détention provisoire. La prochaine audience est fixée au 2 décembre.
L’Azerbaïdjan occupe la 162e place sur 180 pays au Classement mondial 2015 de la liberté de la presse de RSF.