Le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu a salué dimanche une journée historique dans le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, après un sommet convoqué à Bruxelles entre les 28 membres de l'UE et son pays pour faire face à la crise migratoire.
Nous nous attendons à un élan majeur dans nos rapports, a déclaré M. Davutoglu lors d'une conférence de presse au terme des discussions, se félicitant d'une journée historique où la Turquie et l'UE se sont réunies en sommet pour la première fois depuis onze ans.
Pour M. Davutoglu ce sommet extraordinaire consacre le début d'un nouveau processus dans les rapports entre Ankara et les pays de l'Union.
Je pense que 2016 sera une année charnière dans les relations, a-t-il continué, visiblement très satisfait.
Évoquant la crise des migrants en quittant Ankara pour Bruxelles, le Premier ministre turc avait auparavant averti que la Turquie, qui accueille sur son sol 2,2 millions de réfugiés syriens et 300.000 autres irakiens, ne doit pas porter seule le problème migratoire.
Ce problème n'est pas celui de la Turquie ni de l'UE, mais nous devons faire en sorte de travailler ensemble pour endiguer une nouvelle vague de migrants, a plaidé le chef de l'exécutif turc.
Ce sommet a débouché dans la soirée sur la promesse de créer un fonds de 3 milliards d'euros, pour aider Ankara à endiguer l'afflux de réfugiés vers l'Europe, et de l'accélération des négociations en cours pour faciliter la délivrance de visas européens aux citoyens turcs.
Les dirigeants de l'UE se sont engagés à redynamiser les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, au point mort. Un nouveau chapitre de l'acquis communautaire qui porte sur les politiques économiques et monétaires (chapitre 17), sera ouvert à la mi-décembre, avait d'ores et déjà annoncé Ankara la semaine dernière.
Ces 3 milliards d'euros ne sont pas donnés à la Turquie, ils iront aux réfugiés syriens dans l'esprit de partager le fardeau, a fait remarquer M. Davutoglu.
Je peux vous assurer que la Turquie tiendra les promesses énoncées dans le plan d'action, a-t-il promis et d'ajouter que le nouveau gouvernement, issu des législatives du 1er novembre remportées haut la main par son Parti de la justice et du développement (AKP), ira de l'avant avec les réformes démocratiques en Turquie: L'adhésion à l'UE est pour nous un objectif stratégique.
Le régime islamo-conservateur turc du président Recep Tayyip Erdogan est accusé d'autoritarisme croissant et de bafouer les libertés fondamentales.
Deux journalistes d'opposition de renom ont été inculpés et incarcérés jeudi soir pour avoir publié un article sur les livraisons d'armes supposées d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie combattant le régime de Damas, bête noire du chef de l'Etat turc.
Cette nouvelle entorse à la liberté de presse a provoqué l'indignation en Turquie et à l'étranger.
AFP