Les dirigeants de l'Union européenne se sont réunis le 29 novembre 2015 à Bruxelles pour relancer le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE et donner ainsi un honteux blanc-seing à la Turquie. Celle-ci était représentée à cette occasion par son Premier ministre Ahmet Davutoglu qui peut se réjouir de voir enterrée la question des droits de l’homme, pas une seule fois mentionnée dans le communiqué publié sur le site du Conseil européen. Depuis le 20 juillet dernier, le président Erdogan n’a pourtant pas caché ses ambitions dictatoriales et ses méthodes meurtrières à l’encontre notamment des Kurdes de Turquie, mais aussi de Syrie et d’Irak.
Par cet accord, nos dirigeants européens ont-ils souhaité récompenser Ankara d’avoir amplement contribué à la guerre civile en Syrie et à la montée en puissance de Daech, ce proto Etat islamique qui partage le même idéal que l’AKP et sème désormais la mort en Europe ? A moins qu'il ne s'agisse d'applaudir aux exactions perpétrées par Ankara à l'encontre des populations civiles de plusieurs villes kurdes de Turquie ? Ou à acquiescer à l'assassinat de Tahir Elçi, bâtonnier kurde du Barreau de Diyarbakir, visé ce samedi 28 novembre par une balle en pleine tête, comme le fût le journaliste arménien Hrant Dink le 19 janvier 2007 ? Ou bien encore à approuver l'incarcération dans la soirée du 26 novembre de Can Dündar, rédacteur en chef de Cumhuriyet, et de son représentant à Ankara, tous deux transférés dans le pénitencier de haute sécurité de Silivri et risquant la prison à vie, pour avoir divulgué des informations prouvant la complicité de l'Etat turc avec Daech ? Ou d'oublier l'exécution en plein Paris le 9 janvier 2013 - très vraisemblablement par les services secrets turcs - de trois représentantes kurdes, Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Saylemez ?
Par ailleurs, alors qu'il s'avère que de nombreux foyers islamistes radicaux ont essaimé un peu partout en Turquie, on s'interroge sur la décision concernant la suppression de l'obligation de visa pour les citoyens turcs dans l'espace Schengen d'ici octobre 2016...
Avec de telles décisions, les familles des victimes récentes et à venir des attentats de Daech auront toutes les raisons de poursuivre des gouvernements qui font preuve d'une telle complaisance avec des États assassins.
Collectif VAN