Nathalie SOBOL «L'Arméniade de Crimée»


Nathalie SOBOL «L'Arméniade de Crimée»

  • 03-06-2016 12:00:45   | Ռուսաստան  |  Articles et analyses

 
D'après de nombreuses sources historiques l'actuelle péninsule de Crimée portait dans les temps très reculés le nom de Tauride. Cette dénomination viendrait du latin «tavr» («boeuf») bien que l'on sache que le mot «tavr» possède une étymologie bien plus ancienne – de l' araméen ancien. M. Sigmund et I. Ganzelka remarquent qu' en araméen ancien ce mot signifie «Chaîne»!
 
Ce mot a une relation directe avec l'ethnos arménien (la race arménoïde) (1). Ce qu'on trouve dans le «Dictionnaire encyclopédique complet de théologie orthodoxe»: les araméens sont considérés comme les ancêtres des arméniens...pays Aram ...ville principale Damask».
 
Selon d'autres sources la Tauride est connue pour être l'antique Pontide historique. Elle représente une création unique de la nature et un paradis pour savants de toutes obédiences (2). Les historiens la connaissent encore sous l'appellation de «Arménie marine» (Bartold et autres) (3). Ce n'est qu'au XVe siècle que le mot Crimée que nous connaissons apparaît –  venant du mot mongol déformé «kherem» qui signifie «mur de forteresse»!
 
De nombreuses sources historiques s'accordent pour affirmer que les dénominations de villes, fleuves, montagnes autochtones de Tauride ont été données, dans des temps très anciens, par les peuples crimo-arménien et crimo-grecs (4). Elles ont été renommées de force par les tataro-mongols (à ne pas confondre avec les tatars de la Volga) (5).
 
Des mêmes sources on apprend que les arméniens s'étaient installés  sur les terres de Tauride depuis des temps immémoriaux: au moins aux IIe, Ier millénaires avant notre ère. Ils y vivaient en sédentaires sur le littoral sud de la Mer Noire – de l'embouchure du fleuve Galis à l'ouest et jusqu'en Colchide à l'est («Kokhguis» en arménien ancien; «Bokovina» en vieux slavon).
 
De nombreux auteurs antiques signalent leur présence en Crimée. Ghégatée de Milet (550-490 av. notre ère) écrivait au sujet des arméniens: «Les Khalibs, peuple du Pont»; Xénophon (445-? av. notre ère) mentionne la présence d'Arméniens en Crimée ainsi que Pseudo-Skilak de Kariand (Vie siècle av. notre ère); Strabon (64 av. notre ère) et d'autres. Ils qualifiaient les armeno-khalibs comme un peuple sédentaire très travailleur. L'historienne F. Chelova-Kovedyaeva écrit: «Dans toutes les localités peuplées on trouve, selon divers auteurs de l'antiquité, des khalibs sur tout le littoral méridional du Pont. Depuis des temps très anciens ils s'adonnaient au travail des métaux».
 
M. Bronewski, diplomate-voyageur (1670) a écrit sur la présence d'arméniens en Crimée dès l'Antiquité (à Kherson et alentour) en se basant sur les écrits de Ptolémée, Pline, Strabon («Géographie, index mondial)». Z. Glak (IVe siècle) et A. Chirakatsi (VIIe siècle) ont largement développé «le problème arménien» ainsi que M. Bjchkian,  moine-missionnaire-historien  catholique du monastère San Lazzaro de Venise (6).
La présence ancienne d'arméniens en Crimée est confirmée par les résultats de fouilles archéologiques – crânes humains (bracchicéphales), objets en or représentants des chevaux et des chars, de la céramique à motifs colorés, divers attributs culturels comparables en style à l'artisanat du Haut Karabagh.
 
On trouve encore en Crimée, des villages aux nombreuses appellations géographiques anciennes arméniennes. Elles sont solidement et organiquement ancrées dans notre langage quotidien. Nous ne nous interrogeons même pas sur leur provenance étymologique, sur leur racines arméniennes. Ainsi:
Montagne Prtchort («Montagne velue»);
Montagne Sapoun («Montagne bossue»);
Montagne Sourkhat («Rocher Pointu»); la ville de Gênes l'a renommée «Solkhat» (it. «Solcati»), les tatars en «Kyrym» et plus tardivement en «Eski-Krym»: « Crimée antique» 
La ville d'Alouchta ((Galouston , Alouston,  plus tard Al(h)ouchté, en vieil arménien ) – («La Caverne Rouge»)
La ville de Kerth (Kirtché en v. Arménien, ) («Gorge (de montagne), , Défilé de montagne ) 
Le cap Aya   – (« le cap «arménien»);
Les montagnes Ay-aya   (les montagnes arméniennes);
Le ravin Khor-Khor («Le ravin très profond»)
урочище бронзового века «Таш-Аир» – (созвучие с названием древнего царства в исторической Армении «Ташир»).
Village Sev-Djour – («Eau noire»); petite ville de Karasiov en slave des XIe-XIIe siècles renommé par les tatars Karassou-Bazar);
Grande chute d'eau «Djour-djour»
Petite chute d'eau «Djour-la» -(les turcs affirment qu'ils ne se souviennent pas de la traduction exacte, il paraîtrait , selon eux, que Djour-la signifierait «courante»). Il existe une ville avec étymologie semblable Khor (Mazandaran en Turkménie actuelle) – il s'agit de Djourdjan. Et dans l'Antiquité la mer d'Aral  s'appelait Mer de Djourdjansk (7).
 
On peut prolonger la liste:
Les localités Maîroum, Vardenik (Vardanè), Sakhtik et Artik (noms féminins arméniens), Aloupka, Megapotama (plus tard Oulou-Ouzen-tat),
Le défilé Khapkhal (les traductions sont conservées au Maténadarn)
Taman, célébrée par Lermontov,  connu plusieurs appellations: Samkertz et sous la domination khazar: Taghanata.
D'après les sources slaves – Tmoutarakan (similaire au viel arménien Tanouterakan – la ville des «Ter», c'est-à-dire «des premiers», «des forts»).
La ville des slaves du Don, Sarkel («construire», «ériger», «faire» - en vieil arménien).
Toujours d'après des sources très anciennes, la Mer Noire se nommait «Mer de pierres» ou bien «Mer arménienne» ou encore «Mer Askenazov» (association avec l'antique royaume arménien Askenaz/Achkenaz du roi Parouïr). Les Turcs appelaient la Mer Noire «Kara-dènis», et les Arméniens «kara» («kara» ou «kar», en viel arménien: «pierre»).
Une preuve de la présence arménienne en Crimée s'est vérifiée à chaque époque. M. Neiman relate qu'en Crimée «les arméniens ... ont déployé tous leurs talents, transformant des espaces désertiques en villages florissants et recouvert ses montagnes et ses champs de temples magnifiques dont on peut aujourd'hui encore admirer les ruines». 
 
En 58-62 av. notre ère – la domination romaine est particulièrement forte – «guerres romano-mithridatesque». Le roi Mithridate Eupator VI (environ 121-64 av. notre ère), adversaire des Romains, est un arménien ethnique) (8). Il était respecté par tous les vingt-deux peuples du Pont. C'est à leur demande que'il est devenu leur roi et a appris leurs langues  écrit Pline (78-90). Il avait même pour alliés les rudes pirates guerriers gênois. Ainsi la «Crimée connut un nouvel essor ... Mithridate créa un vaste royaume englobant les rives sud et nord du Pont Euxin». Plus tard il conclut alliance avec l'Arménie. On sait qu'il a marié sa fille Cléopatre à Tigran II «le Grand» , roi de la Grande Arménie. Cette alliance incluait la participation de combattants-arméniens de Tigran II dans les rangs de l'armée de Mithridate «Eupator» pendant les périodes de combat en Tauride. C'est en Crimée qu'a été composée la légende «La mort de Mithridate». Elle parle de Mithridate et «son allié le roi Tigran» et une montagne «de la péninsule de Kertch porte son nom». 
 
Sous son règne Tauride florissait. Il avait investit de grands moyens pour développer l'infrastructure de la péninsule. Avec son gendre Tigran, il a fait face à l'agression des Romains à l'est (58-62 av. notre ère. Il s'est érigé une statue en or massif (lui qui rêvait de conquérir Rome), a construit un splendide palais. Le peintre Bassolli venu à Kertch a peint une représentation du fameux palais de Mithridate VI (assez bien conservé pour l'époque). Les toiles de Bassolli avaient la précision d'une photo, ce qui lui amena la gloire.
 
1er siècle après J.C. – Trajan, empereur-païen, conquiert la Crimée. A la suite de quoi la péninsule devient un lieu de conquêtes et de déportations (pour arméniens également).
IVe siècle – les Sarmates se sont installés en Crimée “ce fut la fin du riche royaume Bosporsk, totalement détruit par les Huns”.
Au IVe-Ve siècles, la péninsule devient une lointaine province “de la Byzance “haj-khouroumsk” (arméno-chalcédonique)(9). La riche ville de Khersones devint alors la capitale de cette aire byzantine. D'après les sources antiques, Khersones s'appelait  Megaritché («Magaritché» signifie en viel arménien «cadeau» ou «présent»)! (10).  
D'autres fortitifications sont érigées sur ordre de l'empereur Constantin: la citadelle Al(h)ouchtè (Galouston, Alouston ou encore Alouchta; c'est là que naquit la légende romantique de «La merveilleuse Théodora»; Eupatoria (de son premier nom «Kirkintida» qui signifie, en viel arménien, «L'endroit du bonheur»); Mangoup (la principauté arméno-chalcédonique de Théodoro); l'avant-poste Simfolon/Kalamita (de nos jours «Inkerman»); Eupatoria (de son premier nom «Kirkintida» (en vieil arménien: «L'endroit rêvé»); et tant d'autres. Par la suite, des vagues successives de colons arméniens et grecs y séjournèrent. Cela n'empêcha pas les potentats locaux d'utiliser les terres de Crimée comme champs de batailles permanents. 
 
Ve-VIe siècles – on note la présence en Crimée d’un peuple criméo-arménien de confession gréco-orthodoxe confirmée par différentes sources historiques. Furent édifiées les forteresses byzantines – Mangoupa, Yaèlity (Yalta), Founy (“Demertchi”). Sur cette dernière (1459), on distingue encore les armoiries du roi Tigran “Le Grand” – armoiries arméno-byzantines avec aigles bicéphales
couronnés “. 
 
  VIII e s.. –  fouilles archéologiques de1902 .; des khatchkars antiques, pierres gravées de lettres arméniennes du VIIIe s. Elles ont démontré que des Arméniens vivaient à Kherson. Il existe deux inscriptions en viel arménien bien conservées rapporte l'académicien N. Marr. Il reste également des ruines de l'antique église construite en forme de croix . Elle avait été détruite par les tatars.
On y trouve des vestiges de batailles entre les armées de Justinien II et de Vardan Philipik  (Pilika – v. arménien). Il y eut d'autres fouilles en 1910-1911. On constate que Justinien II avait pratiquement abandonné cette province éloignée,  Kherson passait de mains en mains. Ses habitants, épuisés, se sont désignés comme roi un byzantin renommé – le patricien Vardan (arménien ethnique, prince-chalcédonique). Après avoir chassé Justinien II, Vardan occupa le trône de Byzance (711-713), libéra tous les prisonniers y compris  ceux de la province.
Une source arménienne de l'époque signale: «...Vardan Philipik, issu des aza arméniens, est monté sur le trône». Il a également contribué à renforcer les relations politiques avec la Rous (Russie). Pour cette raison, il a envoyé le prince Kolokir de Crimée (arménien-chalcédonique) en Rous, chez le prince Sviatoslav de Kiev écrit le chalcédonique Lev Diakon («Le christianisme en Russie»). C'est à cette époque qu'est détruite, par les goths et les alains, Mangoupa   (11).
 
Début du VIIIe s. – invasion de la Crimée  par «les sauvages khazars». La Russie en a subi également les conséquences. L'historien E. Evdokimov remarque: «Le conflit gréco-khazar, à la lumière de la rivalité arméno-juive, n'a pas épargné la Rous».  
Les Khazars ont tout dévasté, tout pillé, tout brûlé et tué les habitants. Alors une partie des arméniens, des grecs et autres chrétiens se sont réfugiés dans les montagnes. Pendant la «domination khazare» Tauride s'appelait «Khozaria». Au VIIIe s. Les Khazars ont sauvagement réprimé les insurrections des chrétiens de Mangoup et ont dévasté les localités voisines.
 
988 г. –  Les destins de Tauride, de la Rous, de Byzance et d'Ani ont commencé à se rapprocher plus conséquemment. En témoigne le baptême de Saint Vladimir et son mariage avec Anne, fille du roi de Byzance (arménienne-chalcédonique, dynastie macédonienne, parente de la vieille lignée archakouni – le roi Abgar en faisait également partie).
 
ХI в. –  De nombreux villages de Mangoup ont été détruits, leurs habitants tués. Au milieu du XIe s. «sont venus de nouveaux barbares – les polovtsiens ... et pendant presque deux siècles la considéraient comme leur» remarque A. Ichimova. Notons que les tataro-mongols ont à leur tour décapité les polovts. 
Malgré ces périodes troublées, les arméniens ont continué à vivre en Crimée, les découvertes archéologiques effectuées près de la montagne Tepsen en témoignent. S'y trouve la ville de Gorzouvity (Gourzouf), une des agglomérations arméniennes les plus importantes de Crimée.
A. Jacobson («Kherson à l'époque du Moyen Age») trouve également de nombreuses similitudes entre les céramiques trouvées en Crimée, à Dvin et Ani (12). Et à partir des XIV-XVe s., le peuple criméo-arménien domine. Cela se retrouve dans les objets culturels des fouilles pratiquées en Crimée, y compris dans les tombes. 
  Milieu du XIe siècle – Le territoire de Kherson, principauté de Theodoro (capitale Mangoup), repasse dans les mains des chrétiens avec la dynastie arméno-chalcédonique des princes Gavras .
E. Nagaevska écrit: «... la principauté a pris le nom de l'arménien Théodore Gavras qui gouvernait Trapezound ... parent des Komnen et des Paléologues ».Mangoup, berceau natal  «des nobles-tsat de la vieille dynastie arménienne des Gavras, a été édifiée sur une place fortifiée beaucoup plus ancienne (VI). Des gens de différentes nationalités et de confession chrétienne SE CONSIDERANT COMME GRECS, vivaient sur  un territoire allant de Kherson à l'amont du fleuve Alty» (13). 
Les Gavras ont grandement contribué au développement de Mangoup et de la Crimée. Furent construits des réserves d'eau, une flotte, les ports ont été fortifiés et bien d'autres choses encore. La royauté s'étendait à l'ouest de la Crimée montagneuse jusqu'à sa rive sud de Yambol (Balaklava) jusqu'à Alkhouchtè (Alouchta). Plutarque surnomme le  roi Tigran II «Gorbas» («Le Terrible, le Valeureux, Le Fier»), ce que rappelle S. Anetsi.
De nombreux chercheurs et ethnologues ont étudié les Gavras: E. Brayer (s'est penché sur l'étude de plus de soixante représentants de cette dynastie), A. Falmeyer, Ch. Dil, l'académicien Marr, N. Adonts, les académiciens Bartikian, S. Eremian et Nemirovski, A. Nikolski, Jacobson et d'autres encore.  
 
1064-1067 – Ani est à nouveau mise à sac par les turcs-seldjoukides et les arméniens d'Ani sont retournés en Crimée . Ani a pratiquement cessé d'exister. Les arméniens venus d'Ani ont développé en Crimée une infrastructure touchant tous les domaines (y compris une flotte), étendu le commerce, ont consolidé les relations avec les autres colonies byzantines,, avec l'Inde, la Chine, l'Europe et autres.
 
 XIIe s. – Constantin Gavras le chalcédonique (1119-1140, neveu de T. Gavras, duc de Trapezound) consolide  la principauté de Theodoro.
 
1201  – Grâce à l'intervention des Croisés sur Byzance, des commerçants vénitiens viennent jusqu'en Crimée ainsi que des arméniens chalcédoniques et des byzantins (1204). 
27.01.1223 г. – Les hordes tataro-mongoles envahissent la région. Elles écrasent les polovts-komanes (qui vivaient là depuis deux cent ans déjà). Guillaume de Roubroukous a été témoin de ce cauchemar. Il  écrit: «Et lorsque les tatars sont venus, les komanes ...se sont précipités vers la mer en si grand nombre que ...ils se mangeaient entre eux, les vivants mangeaient les morts ainsi que me l'a raconté un commerçant; les vivants dépeçaient avec leurs dents la chair crue des morts ainsi que le font les chiens avec les cadavres».  
Le chroniqueur André Lyzlov continue sur cette thématique: «Après avoir quitté la Tatarie (les frontières de la Mongolie), les tatars ont soumis de nombreux territoires (après la bataille de la Kalka)... ont mis à sac les villes et les villages polovts ainsi que tous les pays près du Don, la mer Meotiisk (mer d'Azov), la Tavrik de Kherson (la Crimée) ainsi que les alentours du Pont Euxenien (la mer Noire)». 
L'ethnographe V. Mordachov note que «les tatars n'ont jamais été un peuple autochtone de Tauride», ce qui est confirmé par le nom actuel de la péninsule. 
C'est de cette manière que les tataro-mongols se sont établis en Tauride. Mais ils n'ont pas réussi à s'inféoder totalement les rives sud et est de la Crimée. Les en ont empêchés les arméniens-chalcédoniques de la principauté de Theodoro venus d'Ani. 
 
1225 – La présence de nouvelles hordes tatares et surtout l'avènement du khan Djoutchi (1182-1227, fils de Gengis Khan) voit la régression de la péninsule. Cela a provoqué la joie de l'écrivain turc E. Tchelebi: «Enfin, Djoutchi-khan s'est emparé de l'Etat de Crimée et les valeureux khans sont les héritiers de ce premier conquérant de la Crimée». Dans son manuscrit «Siakhatnamè» (chapitre «Description de l'ancienne capitale-forteresse Eski Kyrym/Crimée antique» on apprend ce qu'il en a résulté. 
 
1233 г. – Khan Batyj et sa horde: «Batyj a représenté l'horreur en Tauride» remarque Ichimova. «Ses guerriers ont à nouveau ruiné et pillé, ont sauvagement égorgé  ou vendu en esclavage les habitants». 
 
1242 г. –  La plus grande partie des territoires de la péninsule devient province de la Horde d'or («oulous», en tatar) avec une frontière commune avec les possessions de Tamerlan. A partir de cette époque, les tataro-mongols «ont régné» en Crimée selon les préceptes de Gengis Khan: conquérir de nouveaux territoires, y marquer leur empreinte et récolter l'impôt comme cela se pratiquait dans leur patrie historique, la Mongolie. Ils plantaient en évidence «la bannière bleue de Gengis» («kokbaïrak, en tatar) et récoltaient l'impôt («kouroultaï», en tatar). En dépit de cela les criméo-arméniens ont continué de vivre en Crimée comme en témoignent les fouilles archéologiques pratiquées lors de l'expédition de Bartchenko dans les années trente. 
Les fouilles de 1955 (Kherson, 18 crânes humains/brachycéphales; XIII). Après recherches, l'anthropologue K. Sokolova en a conclu qu'ils appartienent effectivement à des arméniens. 
 
1265 г. – Arrivée et installation de Gênois en Crimée. 
De nombreuses sources notent qu'au moment de leur arrivée la majeure partie de la population était composée d'arméniens et de grecs. 
Les Gênois se sont surtout établis à Théodosie-Féodossia  (Kafe), ancienne colonie arméno-grecque du IVe siècle av. notre ère. Au Ve siècle les Byzantins ont agrandi cette ville qui s'est fort bien développée pendant quelques siècles, avant l'invasion khazare. A la chute du khaganat khazar, Théodosie périclita. Mais les Byzantins ont pu, pour peu de temps, rétablir leurs positions. En 1266 les Gênois ont moneyé les ruines de Théodosie et l'ont reconstruite. 
Les grecs, les arméniens-chalcédoniques et d'Ani en ont été chassés.Mais il y reste tout de même trois fontaines arméniennes. 
 
Pendant tout le XIIIe siècle, les tataro-mongols pillaient et chassaient de Crimée les peuples autochtones.  Le relatent des sources historiques arabes, byzantines, arméniennes et autres. Des légendes, de Crimée, se sont transmises concernant «la sauvagerie et la perfidie du conquérant» Mamaï («la Tombe de Mamaï»). C'est l'apogée du commerce des esclaves. 
 
Les deux cent ans suivants  - continuel flux d'arméniens en Crimée à cause de la politique entre Byzance, la Perse et les invasions turques-seldjoukides. 
 
1330  – de nombreux arméniens (incorporés dans la Horde d'or sont retournés dans leur Tauride natale. M. Neiman en parle dans le magazine «La Nouvelle Revue», «Les arméniens»): Au XIII siècle, lorsque les mongolo-tatars ont envahi l'Arménie, il en ont chassé la majorité de ses habitants vers Saraï, Astrakhan («Tchitrakan, viel arménien) et Kazan. Dans le but .... de se libérer de ces barbares, les arméniens se sont entendus avec les Gênois et ... les Gênois ont aidé les Arméniens à se libérer». 
 
1365  – Les Gênois ont pris dix-huit autres agglomérations et ont continé à pressurer Arméniens, Grecs, Goths (Bulgares) tant par le tribut que par les intrigues et trahisons.
 
 1375  – les turcs-seldjoukides détruisent la Cilicie arménienne (elle a tenu trois cent ans). Les aréno-ciliciens sont déportés en Crimée.
 
1390- – Incursion du khan Tokhtamych, «L'Arménie maritime» a été entraînée de force dans les luttes intestines tatares. Leurs florissantes citadelles, les villages, l'infrastructure ont été anéantis. Période d'asservissement de la population.
 
 1395  – Arrivée des armées de Tamerlan, destruction de Sourkhat, Yalta et autres. Massacres entre le khan tatar Tokhtamych et «l'émir boîteux». A la suite de quoi,  le sud-ouest de la péninsule a été rasé. Tourok-Petchevi a écrit qu'en Crimée «erraient  des groupes solitaires et des foules de tatars pratiquant le vol», c'était les guerriers «de «Temour le haineux». 
Un autre témoin, le hieromoine Mathieu, exarque de Yalta, décrit «les chrétiens innocents assassinés, l'effroyable désertification de la contrée». Il qualifie la présence de la Horde en Crimée comme «une invasion païenne»: «J'ai vu des corps sans vie et de nombreux membres et des crânes séparés de leurs os et des restes amoncelés». 
 
Début du XIVe s. – Pour protégéer son port et les infrastructures, le célèbre prince Alexis Gavras Theodorit a fait ériger Kalamita, une forteresse imprenable,  en place de la tour byzantine de surveillance .
 
Fin du ХIVe s. – Il y avait encore des principautés féodales arméniennes sur la presqu'ile avec leurs serfs, des entrepôts, des puits dans les montagnes et en aval des arsenaux, des troupes (qui étaient entretenues grâce à un impôt spécial). Dès que l'ennemi apparaissait, les différents quartiers généraux de la principauté se mobilisaient à Kafè (où vivaient plus de 50.000 arméniens). 
On avait installé à Kafè un grand portail (en métal). Le commerce fleurissait: l'historien S. Soloviov de même que Francesco Tiepolo (1509-1590)  remarquent :»...les Arméniens de Kafè allaient à Moscou». Ibn-Battouta a décrit les bazars arméniens de Crimée:»...ce sont des bazars animés où l'on pouvait trouver d'inimaginables curiosités ainsi que du beau cristal travaillé». 
On dénombre environ trois cent mille criméo-arméniens avant le XVe siècle. En plus des arméno-chalcédoniques il y avait deux autres diasporas 
a) la première — de la ville de Kafè jusqu'à la frontière de la citadelle de Mangoup 
б) la seconde – de la frontière de Mangoup jusqu'à la forteresse Kaouchanè. 
 
On peut trouver dans les archives les listes des dynasties princières et commerçantes de Crimée:
Pakhlavouni – Grand Prince, de descendance royale (proches parents de la maison royale des Archakouni, principaux propriétaires terriens et armateurs de Crimée), ; Sourkhapetiants; Spendiarian; Seferian; Tchaltikian (par la suite Saltykian, Saltykovy); Mantchoupents; Moughalents; Daridjanian; Aghamalian; Aîvazian (Aïvazovskye); Arkharian; Nalbadian et de nombreux autres.  A Feodossia ont longtemps été conservés les anciens noms des quartiers: «faubourg arménien», «faubourg grec», «faubourg allemand» et autres. 
 
1453  – Chute de Byzance sous le feu des ogouz, al-ogouz et autres tribus turques (ancêtres des turcs, actuellement azerbaïdjanais, turkmènes)(14). De nombreux arméniens-chalcédoniques byzantins ainsi que d'autres chrétiens ont été égorgés par les turcs, certains se sont réfugiés en Crimée entre autre. 
 
1475  – Les turcs-ogouz après avoir décimé les tataro-mongols, occupent la Crimée. Ils ont généralisé la vente d'esclaves et la pédophilie. E. Tchelebi, témoin d'origine turque en a beaucoup parlé. 
S'en est suivie une période d'instabilité tant en Crimée qu'au Caucase nord, à Kazan (E. Tchelebi, «Siakhatnamè»; A. Ichimova «Histoire de la Russie pour les enfants», chap. «La péninsule de Crimée»). 
Mangoup a été assiégée  à sept reprises entre juillet et décembre. La huitième fois Guédik-pacha en est venu à bout à l'aide de 7 000 valeureux janissaires. Les turcs et les tatars ont jeté les cadavres des défenseurs de la forteresse dans les ruines du temple Saints Constantin et Hélène du VIe siècle.Mangoup devient Mangoup-kadylyk avec Kafè pour centre et fait partie de la province turque («zialet» en turc).
 Les armées turques stationnaient en Crimée, un représentant turc la gouvernait! Elles ont détruit la forteresse Kalamita. Ses trois tours restantes ont été dénommées Inkerman (La caverne-forteresse», turc). M. Bronievsky et d'autres auteurs signalent cette destruction (15). Les chrétiens et les juifs sont persécutés par les turcs (16). 
 
1787 –  Catherine II , lors de son voyage en Crimée, «a vu de ses yeux la situation de la population chrétienne» .
En  1778, elle ordonne de transférer de Khodja-Saly vers le Don les anciennes populations autochtones  arménienne et grecque.
 
La contribution du peuple arménien dans le développement de la Crimée est colossale
 
Les conquérants turcs eux-même reconnaissaient l'apport des peuples criméo-arménien et criméo-grec dans le développement de la Crimée. Après «l'extermination  des infidèles», il restait «40.000 jardins», des vignes et des presses («tarapan»,en v. arménien; 11 unités près du monastère Tchelter-Koba, la Combe»), des champs labourés, un système d'irrigation, de nombreux puits, des points d'eau de source aménagés, «de nombeuses citernes pour conserver l'eau (d'après E. Tchelebi, A. Ichimova, E. Clément). Ichimova écrit: «De toute sa gloire antique il ne reste que la renommée de ses vignes: ce sont les meilleures».
A. Nikolsky, historien connu, écrit:» Les arméniens et les grecs formaient un groupement important et ont joué un rôle historique dans le khanat...ils étaient l'unique transmetteur auprès des turcs du savoir agraire et ont continué à l'être  tout au long de leur présence en Crimée». 
 
En architecture: Féodossia «La Forteresse arménienne» (Hayots Berd»); à Soudak la forteresse  «Sold-(h)aïts»/Gênoise». Les églises: «Sourb-Sarkis», «Sourb-Arakelots», «Sourb-Karapet», «Grigor Loussavoritch», «Ovanès Astvatsaban», «Sourb Guevork»;  «Sourb-Ichan»,  «Sourb-Ilya». Les monastères «Sourb Guevork»;  les monastères encastrés «Tchelter-Koba» et «Tchelter-Marmara», «Sourb-Khatch». Les déserts «Tchamaron» et «Sourb-Antonyi». L'académicien Jacobson (Traité d'histoire de l'architecture  arménienne - Ve-XVII siècles- ) souligne ce phénomène unique de l'architecture européenne: «L'influence de l'architecture arménienne se retrouve en Bulgarie..en Serbie et encore plus en Crimée».
Hovanès Aïvazovsky est la fierté de la Russie, de la Crimée, de Féodossia.  Il est à la fois peintre-mariniste, paysagiste de ville, portraitiste et merveilleux peintre de batailles («Massacre à Trabzon», «Les turcs jetant les cadavres arméniens à la mer») (17). Il est également un architecte de  talent, poète, pédagogue, archéologue, violoniste, kémamtchiste virtuose. Encore important mécène-bienfaiteur: aide aux pauvres (Russie, Bulgarie, Italie, France).  A Féodossia il a construit des écoles et des dispensaires pour nécessiteux, une philarmonie, le musée archéologique Mithridate, une galerie de peinture, un club, une bibliothèque publique, une canalisation d'eau longue de trente kilomètres, deux fontaines et une voie de chemin de fer. Il fut en premières lignes sous le commandement du général N. Raïevsky, restaurateur d'églises, peintre d'icônes, fondateur de l'école de peinture de Crimée. Il a fait don de sa maison et de tout son contenu à la ville de Féodossia.
Il est encore «le premier citoyen d'honneur de la ville de Féodossia», il connaissait A. Pouchkine et son épouse N. Gontcharova, les compositeurs A. Serov (père du peintre Serov), Spendiarov et de nombreux autres. Il fait partie des mécènes de Crimée: G. Aïvazovsky, les frères Galfayan, A. Bournazian, l'épouse d'Aïvazovsky, K. Artseoulov- peintre et aviateur, I. Sarkissov-Serazini- professeur de médecine, la famille Basramov- personnalits politiques. 
Tout cela confirme de manière incontestable (d'innombrables sources antiques, moyennâgeuses , contemporaines ainsi que  les découvertes archéologiques le démontrent) que les arméniens sont un des peuples autochtones de Crimée avec une présence historique de plus de deux mille ans sur la péninsule de  Crimée. 
 
Nathalia Sobol, historienne, spécialiste de l'Arménie
05.05.2016
 
 
Commentaires:
 
(1)  «БСE»: «…les arménoïdes – type anthropologique … largement répandu parmi la population de la Transcaucasie, Mésopotamie, Syrie et Asie Mineur … «le type anthropologique arménoïde  se retrouve dans de nombreux peuples – arméniens, syriens, assyriens de l'Asie Mineure. On le trouve également chez les juifs» (brachylocéphales et dochylocéphales de race europiode). Mais principalement, ces signes de reconnaissance arménoïdes «caractérisaient les êtres des vieilles civilisations orientales – LES SUMERIENS, les Accades, les Assyriens, les Kettes, les Hourites, les Ourartiens» et de nombreux autres peuples parents des Arméniens ». «CE PEUPLE (LES SUMERIENS) EST ISSU DES CHALDEENS. AUTREFOIS ILS SE SONT INSTALLES EN MESOPOTAMIE CAR ILS DESIRAIENT SERVIR LES DIEUX DE LEURS PERES QUI SE TROUVAIENT EN TERRE CHALDEENNE » (prince Youdifi 5). 
Appartiennent à la race arménoïde «les khalibs et les khalibos – incontestablement le même peuple – occupant l'actuelle Arménie et l'Iran du Nord, connu encore sous le nom de Chaldéens» On peut y adjoindre les Mittes, les Mèdes, les Araméens et les Perse. G. De Milet (550-490-е av. notre ère.) – premier historien grec, géographe et cartographe nommait les Arméniens «khalibs» ou encore «khaliboïs«, (également «chaldes» en relation avec leur dieu suprême Chaldi. Ils peuplaient le sud de l'Arménie et le nord de l'Iran. «Ce peuple s'est donné le nom d'OURARTOU et constituait l'un des peuples très anciens de notre pays à s'être constitué en Etat. ». Pline l'Ancien (23, 24?-79)  («Histoire»), écrivait que  au-delà des montagnes entourant Trapezound «vit une tribu d'arméno-khalibs et s'étend la Grande Arménie. 
L'Arménie figure souvent dans la mythologie antique («Bor et Chloride», «Les Argonautes» et d'autres). F. Lushan Virchow – compte-rendu du congrès de 1892; V. Patrakova, V. Tchernoous «Le Caucase et le Don». Hekat de Milet «Description de la terre»; «BSE», vol III, pp. 40-41; т. III, M. Skrijinskaya «Mer Noire septentrionale», pp. 92-111; You. Sargsyan «Les mystères des Monts Ararat», 
p. 421; гор»; A. Varchavsky «Au début étaient ...», pp. 53-54; E. Pospelov»Manuel ...», p. 189; L. Loukiachko «Le Don et la région azovienne...», p. 49; M. Sigmund, I. Ganzelka «La demi-lune retournée»,1963, p. 230; Ptolémée «Géographie». 
 
(2) PONTIDE/TAURIDE /ТАВРИДА, Crimée actuelle,  date du pliocène (soit environ 1-2 millénaire av. notre ère). Elle est connue grâce aux écrits d'auteurs antiques. Des savants de renom en géologie, botanique,zoogéographie, océanographie tels que E. Zius, F. Oswald, S. Mokrjetsky, R. Orbeli, N. Androussov, l'académicien L. Berg (président de la Société de Géographie) , E. Wolf, le professeur I. Pouzanov, N. Roubtsov et d'autres considèrent qu'elle s'étendait des rives de la Crimée actuelle jusqu'aux rives actuelles turques de la Mer Noire: La Tauride montagneuse (actuellement Crimée montagneuse), était partiellement reliée au continent avec l'Asie Mineure, la péninsule balkanique et le Caucase. Un certain nombre d'espèces botanique et animale «lie la Crimée à l'Asie Mineure...la péninsule balkanique ... le Caucase occidental». Les savants estiment que les gens de l'ancien temps «venant de la péninsule balkanique  et des alentours du Caucase arrivaient en Crimée en traversant des ponts (relais antiques). 
Toujours d'après les sources la Crimée « était connue quelques siècles avant la naissance du Christ (XII-XIIIe s. av. notre ère). Y vivaient déjà des peuples qui se distinguaient des autres par leur éducation, leur succès dans les sciences, leur savoir faire en navigation et en commerce»: A. Kondratov, «Les Atlantides de la mer Tetis», pp. 149-151; M. Zygmund, I. Ganzelka «La demi-lune renversée» (3); Ch. Porkechian «Culture orale populaire des Arméniens du Don», p. 12; N. Nikitin «Le bon mot comme un jour de printemps». 
 (4) AUTEURS ANTIQUES – Horace «Les Odes», livre II; A. Marcellin «Les hauts faits», livre XXII, 8, 20; Strabon «Traité de Géographie», IV, 8. ; A. Kondratov «Les Atlantides de la mer Tétis», pp. 147-154 S. Kovalevsky «Le visage de la Caspienne», monographie; Z. Kossidovsky «Légendes bibliques» p.167. Du même auteur «Lorsque le soleil était un dieu», pp.321-329.; Pseudo-Skilakde de Cariande «Histoire de l'Asie», p. 88; S. Aïvasian «Histoire de la Russie, l'empreinte arménienne», pp. 50-65; S. Doulian, A. Aslanian «Je vous présente l'Arménie», pp. 107-108, éd. Naouka,  Bible com.na|bessmertie|2-07.htm E. Pospelov »Manuel ...», p. 19 , Maténadaran, Erevan, manuscrit n° 520, n° 2679, p. 208 «a»; I. Orbeli «Notes concernant deux inscriptions arméniennes ...» p. 319/ Archives/com.I/, p. 2; A. Ichimova «Histoire de la Russie ... .. », ch. «La péninsule de Crimée …»; S. Aïvasian «Histoire de la Russie ...», p..39; B. Nagorny «Ta patrie ...», p. 56;  www. inkusto. com «Les anciens noms des villes et pays»; M. Bronievsky «Description de la Tatarie»; R. Berchadsky «Deux nouvelles ...», pp. 96-97; Pline (oeuvres 7, 88-90); D. Kallistov, S. Outchenko «L'ancienne Rome», pp. 156, 157, 160, 164-165, 175, 382 ; Guide «Vacances à Sotchi», p. 45.
(5) LES ТАТАRО-МОNGOLS — ancêtres des tatars de Crimée actuels; mongoloïdes; à l'heure actuelle fortement mélangés avec les populations autochtones de Crimée. Gumilev note: «Avant le XIIe s. c'était  le nom ethnique d'un des 30 groupes importants vivant sur les bords de Kèroulena. Au XIIe s. ce peuple s'est renforcé et les géographes chinois ont utilisé ce nom pour tous les nomades de l'Asie centrale». 
К. Gandzaketsi, historien-témoin, «... leur aspect reflétait l'enfer et insuflait la terreur. Ils n'avaient pas de barbe, seuls quelque uns portaient quelques poils sur les lèvres ou le menton, leurs yeux étaient étroits et vifs, leur voix fine et transperçante ... ils vivent longtemps... se nourrissent de tous les animaux ... Ils ont autant de femmes qu'ils le désirent.. et où ils en rencontrent, sans discernement ... ils ne rendent pas hommage aux dieux .. Et lorsque l'un d'entre eux meure ou tue quelqu'un,  ils trainaient avec eux son cadavre plusieurs jours de suite  , ils brûlaient le cadavre ... plus souvent l'enterraient en terre...et ... avec lui ...les armes, l'or, l'argent ainsi que sa part de biens ... et aussi ses serviteurs ... et son cheval (c'est-à-dire seulement les peaux de cheval tannées cousues) . Leurs femmes sont toutes des diseuses de bonne aventure en tout genre ... Cf G. Erets («Le peuple au carquois»). 
Les Turcs-bulgares (ancêtres des tatars de Kazan et autres) ont émigré de Kama et Semiretchié (sécheresse, peste) vers les rives de la Volga (de la ville de Bulgar). Et en accord avec les princes russes, ils se sont établis sur la Volga centrale à partir du VIIe s. et y ont fondé «La Grande Bulgarie». Aux X-XIVe s. ils constituent l'essentiel de la population de la Bulgarie Volgo-Kama. Leurs descendants sont les Tchouvaches, les Tatars de Kazan. Les bulgares ont pris le nom de tatars  après l'assaut  puis la conquête de la Grande Bulgarie par les Tataro-mongols (1236). Après la reddition,  les Bulgares (sur ordre de Baty) se sont appelés tatars. 
Faisaient partie des guerriers de la Horde d'Or les djour-djeni. L'étymologie: djour – eau, djen ressemble à djan (la vile de Djourdjan). Il s'y cache un mystère mais l'envahisseur n'était connu que Vacances à Sotchicomme tatar. On note que Gengis Khan plaçait en avant garde des tatars-kerulents. C'était les seuls à ne pas obéir à Gengis Khan, alors ils servaient de chair à canon. 
Mais les temps changent et des siècles plus tard la Russie et la Mongolie entretiendront de bonnes relations. Au moment de la IIe Guerre mondiale, la pauvre Mongolie a aidé l'URSS. Elle a abattu presque tout son bétail, s'est affamée pour vêtir de pelisses courtes les soldats de l'Armée Rouge.
G. Ererts «Du peuple archer» (feuillet extrait du manuscrit du XVIIe s.), n° 1485, pp192 «b» - 222 «b». K. Gandzaketsi «Histoire de l'Arménie», manuscrit n°  1518, pp.189 «а» - 260 «б» (état dressé pour   1594 ) voir aussi le chapitre 32, pp.172-174,276-275. V. Kouznetsov «Hitoire de la région du Don », Rostov, 1971, p.32. V. Kozlov «Les colombariums de l'antiquité russe», 1985, p.27. Le Métropolite Bichkeks et Vladimir de l'Asie centrale «La terre des descendants du patriarche Tyurk/ Héritage spirituel de  la Kirghizie et les aspects chrétiens de cet héritage », R.P.Ts, 2012, pp.7,23,29-39-45,89-99. Aboulghazi de Khorezme «Arbre généalogique des turks», «Mémoires russes», p.489. (XIIIe s.). Plano «Histoire des Mongols », Almanach «Journal du Maténadaran», pp.256-296. La revue «La chrétienté et la Russie», № 2, pp.34-38. A. Abramian «Trésors manuscrits du Maténadaran», pp.38-39, Erevan, 1959, p.38. URL:http://humon.snaka.ru/2013/02/2366 / V. Goumilev. «De l'origine»; article de L. Goumilev  «L'ethnogénèse», partie 2, IV; ТV «Droit de parole», 03.12.2015. 
 
(6)  Il a découvert un livre très ancien (32 feuilles de parchemin). Les lettres ressemblaient au grabar ancien mais Bjichkian n'a pu les déchiffrer et en a copié une page qui se trouve actuellement à Venise. Il a inclus cet extrait dans son ouvrage «Voyage en Pologne», ( édité en 1828 à Venise). L'ouvrage a disparu. 
 
(7) On peut trouver des vestiges arméniens dans différents endroits de la planète. Turkménie: les villes Anev, Tagma, Tcherkez (de l'arménien «Serkiz», «Sarkiz», «Sarkis». Khorassan du nord – Abi-verd ( de l'arménien «berd»/»forteresse», ancienne forteresse Anaou – IIIe s. av. notre ère); Arabie: la ville Arev (soleil); Mésoamerica: les villes de Zouivanna, Xalisco, Ptolémée «Géographie». 
 
(8) «Arsak (Archak; прим. С.Н.; III Мак.I, XIV,2,3,15) – nom commun des rois de Parthes . «En certains endroits ... il s'agit d'Arsak IV, autrement dit Mithridate. La dynastie royale arménienne des Archakides. Leur ville-nécropole Mithridatokert (actuellement en Turkménie). Lui sont rattachés également le saint roi Abgar, la tsarine Anna, épouse du prince Vladimir l’Evangélisateur de la Rous “Encyclopédie biblique”, 1891, p. 61; “L’art des pays de l’Orient”, 1986, p. 40;  www.veter-stranstvii.ru/v 02 nik-feodoro.html N. Sobol «La tsarine Anne », st., Hay Azg; «Encyclopédie orthodoxe» 1891, p.21;  Pline (oeuvres, 7,88-90). D. Kallistov, S. Outchenko «L'Ancienne Rome», pp..156,157,160,164-165,175,382; Guide «Vacances à Sotchi», p.45.Kajdan
 
(9)  LES HAY-HOUROUM — empereurs byzantins, chefs d'armée, patriarches, saints de l'Eglise (arméniens-chalcédoniques ethniques). Ce sont les dynasties des  - Amori, Archakouni, Artsrouni,Akopaki, Angueli, Arguiri, Arménopouli, Aspeti, Bakouriani (Pakouriani),Drermokaiti. Egalement les Douki, Vardi, Vassilaki, Vkhkatsi, Vakhrami, Gavrassi (Khavrassi, Khovri), Gnouni, Iraklidi, Issavri, Kamssarakani, Kekavmeni, Komnèni (Komnenakani), Kourkassi (Gourgueni), Kourtiki, Kouropalati, Kriniti, Lakapeni (Lakapides), Mauriks , Macédoniens (branche Archakouni), Monomaques, Moussiles. Et encore — Pahlavouni (Souren-Pahlavi; en Iran Pahlavani), Rouli, Sklires, Torniks, Taronites, Phokades  et autres. C. Bagrianorodnyj «De l'administration de l'Empire». Zonara XIII, 22; Zonara, XVIII, 22; A. Oustian «Philosophie de l'arévisme», pp.185-192; S. Aroutiounova-Fidanian  WWW portal — credo. RU; du même auteur «Les Arméniens chalcédoniques», pp.65-71,73-77,90-94,107-112,120,134-137; F. Zissis  «L'Eglise arménienne serait-elle orthodoxe?», pp.34-40,65; A. Kajdan «Composition sociale ...», pp.171,186,200,206-211; Maténadaran, manuscrit № 336; G. Ovsépian  «Atla paléographique arménien», pp.180-181, № 20, table XI; «Histoire de Stépanos de Taron»; «Аssokhikа», pp.133-134; E.Saphokles. Creek’Lexison of Poman and Byzantine Periodes. Ioannis Scylirae synopsis historearum, recenuit. I. Thurn. Berolin et. Nov Eboraci, p.321-32; P.Lemerle. La Chronique improprement dite de Montmvasie: le contxt inisloreque et Legedaire - Pevuedes Etudes Byzantines, t. XXI, p.17. «Les périgrinations d'Hovanès Chiltberger», pp.3,4, 18-19,66,72,97,99,101-107,109. www.veter-stranstvii.ru/v 02 nik-feodoro.html
 
(10) www. inkusto. Com «Anciennes appelations de villes et pays»; M. Bronievsky «Description de la Tatarie» Еrévan. Maténadaran, manuscrits № 520, № 2679, p.208 «а». A. Ichimova «Histoire de la Russie pour les enfants ».
(11) Mateos d'Edesse, historien arménien, appelait la Bulgarie «PAYS DES GOTHS«  relatent les sources latines et l'écrivain byzantin Tsetsy affirme qu'il y a des Goths au-delà du fleuve Dounaï. Les Alains sont les ancêtres des Ossètes. A. Kouzmin «Chute de Peroun», p. 104.
 
 (13)  www.veter-stranstvii.ru/v 02 nik-feodoro.html
 
(14)  Mehmet II «Le Conquérant», initiateur  de la réunion des tribus turk-osmanli, a pris la capitale de Byzance – Constantinople (il s'agit du «mardi sanglant» du 29.05 1453). Pendant trois jours, ses guerriers ont pillé la ville et ses riches alentours, les monastères, villas et autres. Les barbares-osmans ont dévasté et brûlé presque tout – les maisons, hôpitaux, thermes, marchés. Ils ont vidé les entrepôts de nourriture, de vin. Ces turks, n'ayant encore jamais vu une telle splendeur, ont saccagé les murs pour en extraire les motifs ornementaux dorés , des fragments de mosaïque également dorés ainsi que des frises en marbre.  Les flottes commerciale et militaire ont été incendiées. Ransimen relate: «Des flots de sang s'écoulaient dans les rues pentues de Constantinople depuis les collines de Petra jusqu'à la Corne d'Or». L'eau de la baie était rouge de sang. Ransimen «La Chute de Constantinople». 
 
(15) МАRTIN BRONIEVSKY— Chroniqueur catholique, ambassadeur polonais du roi Stéphane Batorij en Crimée (1578-1579). Auteur du manuscrit «Description de la Tatarie» parue à Kohln en 1595. Il s'est inspiré de l'oeuvre d'écrivains de l'Antiquité tels que  Pline, Ptolémée, Strabon («Géographie»). Il note que sous ses nouveaux maîtres, «la péninsule resssemblait à un désert» - les villages et les villes de Crimée à moitié détruits, les réserves d'eau percées, les puits condamnés. Des ruines et des monceaux de briques cassées envahis d'herbe «tout se trouve dans un état de total délabrement». En revanche, les marchés d'esclaves regorgent de malheureux. M. Bronievsky  «Voyage en Pologne». Du même auteur «Description de la Tatarie». www. inkusto. Com «Les anciens noms des villes et pays». F. Metsopetsi «Histoire brève des rois orientaux et de Lenk Timour , l'animal cruel et sans foi», manuscrit № 783. 
D. Del Plano «Histoire des Mongols»;  L'Almanach «Nouvelles du Maténadaran», pp.256-296; Revue «La chrétienté et la Rous», № 2, pp.34-38; A. Abramian «Manuscrits», pp.38-39; G. Erets «Du peuple des archers » (XIII s.) manuscrit № 1485, pp. 192«б»-222«б».
 
(16)  E. Smirnov, historien et prédicateur russe, écrivait: «En détruisant les villes, les églises et les monastères, les turks détruisaient en même temps les outils éducatifs – les écoles, les bibliothèques, les manuscrits anciens, les ouvrages savants et religieux ...sous «l'envahisseur turk» les chrétiens se sont retrouvés en situation d'esclaves et n'ont plus eu la possibilté de satisfaire leur progression culturelle». Plus loin, il signale qu'il n'était pas question, pour les dominateurs turks, d'instruction; le gouvernement turk, musulman, était contre toute éducation et surtout en ce qui concerne ses esclaves chrétiens». E. Smirnov ajoute que les turks étaient profondément convaincus que «tous les autres peuples d'une autre confession et, en particulier, les chrétiens ....sont des infidèles, des raïa, des ghiaours.. Les chrétiens  d'Orient non convertis à l'islam, pensaient-ils, devaient ... «devenir leurs esclaves; les turks pensaient que les chrétiens en tant qu'infidèles sont justement destinés à être esclaves tandis qu'eux, les bons croyants, devaient les dominer».
 
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