Harut Sassounian.Une visite exceptionnelle et révélatrice en Iran


Harut Sassounian.Une visite exceptionnelle et révélatrice en Iran

  • 24-09-2016 15:50:47   | USA  |  Articles et analyses

J’ai été invité avec 16 autres journalistes arméniens venant d’Arménie, d’Artsakh, de République tchèque, de France, du Liban, de Syrie et des États-Unis, à assister à la célébration du 85e anniversaire du journal arménien Alik, publié à Téhéran depuis 1931. 
 
C’était la première fois que je me rendais en Iran et j’ai rapidement découvert que ce pays est très différent de ce que j’ai pu voir ou entendre aux États-Unis. C’est un pays important avec une civilisation ancienne, souvent mal compris par les étrangers. 
 
Téhéran est une grande ville avec des millions d’habitants essayant de faire face à une circulation routière à rendre fou. Pour aggraver le tout, des dizaines de milliers de motocyclistes zigzaguent en tous sens entre les voitures, tandis que les piétons se jettent dans des files de circulation intense au péril de leur vie. Fondamentalement, la partie la plus effrayante de cette visite en Iran n’est ni le régime ni les militants, mais le simple fait de traverser une rue ! 
 
J’ai également découvert que tant les Iraniens que les Arméniens d'Iran sont extrêmement hospitaliers, aimables et polis. Ils font tout pour aider les étrangers. Les Arméniens, en tant que minorité chrétienne, jouissent d’une totale liberté d’éducation et de culte. Ils possèdent leurs propres écoles et églises dans tout le pays. Il y a des prélatures de l’Église apostolique arménienne à Téhéran, Ispahan et Tabriz. 
 
L’un des superbes centres de la communauté arménienne est l’Association culturelle arménienne Ararat qui comprend plusieurs acres de complexes sportifs, y compris un stade de football, des courts de tennis et de basket-ball, des piscines et une chapelle, dans l’un des quartiers les plus prestigieux de Téhéran. Notre visite en Iran a coïncidé avec les cérémonies d’ouverture des 48eJeux pan-arméniens, avec des athlètes et des scouts venant de diverses régions d’Iran, mais aussi d’Arménie, d’Artsakh et du Djavakh en Géorgie. Le jour suivant, l’ambassade de l’Azerbaïdjan en Iran s’est plainte docilement auprès du gouvernement iranien de la participation d’athlètes de l’Artsakh aux Jeux pan-arméniens. 
 
Les Arméniens d'Iran servent de pont vital entre leurs deux patries : la République islamique d’Iran et la République d’Arménie. Malgré les plaintes de l’Azerbaïdjan et ses efforts persistants pour nuire aux relations entre l’Arménie et l’Iran, le gouvernement iranien maintient résolument une relation équilibrée avec les deux États voisins. L’ambassadeur d’Arménie en Iran, son Excellence Ardashes Toumanian, un diplomate hautement compétent et chevronné, est un autre lien important entre la République d’Arménie, le gouvernement iranien et la communauté arménienne locale. 
 
La direction du journal Alik avait organisé un programme chargé pour les journalistes invités, qui comprenait des visites d’écoles arméniennes, d’une clinique arménienne, du Palais du Golestan, du Musée des Joyaux nationaux d’Iran et du Centre de la société Charmahal, où un talk-show a eu lieu pour la communauté. Les journalistes ont également rencontré le Comité national arménien de Téhéran, l’ambassade arménienne, l’Association athlétique et culturelle arménienne, deux grands médias iraniens, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et l’Institut des études politiques et internationales. Partout, les visiteurs ont été accueillis chaleureusement et avec respect ! 
 
Les journalistes ont également eu le plaisir de rencontrer les deux membres arméniens du Majlis iranien (le Parlement) qui jouent un rôle clé en tant qu’intermédiaire entre le gouvernement et la communauté arménienne. 
 
Le dernier samedi soir, les journalistes ont assisté à la célébration officielle du 85e anniversaire d’Alik ; ils ont pris la parole sur le podium pour louer les réalisations exceptionnelles du journal qui a éduqué et informé plusieurs générations, grâce à de nombreux sacrifices des éditeurs, des journalistes, du personnel, des bienfaiteurs et des organisations communautaires engagés. 
 
Le temps fort du séjour a été la visite des villes historiques d’Ispahan et de Tabriz, y compris un pèlerinage spécial aux anciens monastères de Saint Thaddée et Saint Stepanos. 
 
La partie la plus émouvante du voyage a été le trajet en voiture le long de la rivière Araxe à la frontière de l’Iran et du Nakhitchevan, une ancienne région de l’Arménie, actuellement une région autonome de l’Azerbaïdjan. De nombreux journalistes avaient les larmes aux yeux en observant de l’autre côté de la frontière, un champ vide qui était auparavant un ancien cimetière avec des milliers de Khachkars arméniens (croix de pierre) que les autorités azéries ont brutalement détruits, commettant ainsi un génocide culturel et un crime contre l’humanité ! 
 
Au cours de ces dernières décennies, bien que de nombreux Arméniens d'Iran aient émigré aux États-Unis, principalement à Glendale en Californie, la majorité de la communauté reste fortement engagée à redoubler d’efforts pour continuer à assumer son rôle de pont vital entre l’Iran et l’Arménie. 
 
 
De Harut Sassounian 
The California Courier 
 
 
 
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