Harut Sassounian. WikiLeaks révèle les échanges d’emails d’Hillary Clinton sur les questions arméniennes


Harut Sassounian. WikiLeaks révèle les échanges d’emails d’Hillary Clinton sur les questions arméniennes

  • 31-10-2016 12:45:21   | USA  |  Articles et analyses

Le monde entier suit avec grand intérêt le flot d’emails internes publiés par WikiLeaks : plus de 400 000 du parti au pouvoir en Turquie (AKP), 2,8 millions d’emails diplomatiques, plus de 30 000 envoyés ou reçus par Hillary Clinton, lorsqu’elle était secrétaire d’État, et 27 000 emails et pièces jointes piratés, du Comité national démocrate. 
 
Je vais citer quelques emails parmi les centaines qui ont fuité concernant l’Arménie ou la Turquie. 
 
1) Le 19 avril 2015, Jake Sullivan, le conseiller en politique étrangère d’Hillary Clinton, a envoyé un email à une demi-douzaine de membres hauts placés de l’équipe de campagne, y compris le directeur John Podesta, leur demandant s’ils allaient faire une déclaration à l’occasion du 100e anniversaire du génocide arménien. Sullivan souhaitait également savoir si Clinton utiliserait le terme « génocide », comme elle l’avait fait quand elle était sénatrice et candidate présidentielle huit ans auparavant, ou allait-elle éviter le terme, comme elle l’avait fait quand elle était Secrétaire d’État ? Sullivan a souligné le fait que « la Maison Blanche jusqu’à ce jour avait évité d’utiliser le mot ‘génocide’ » et allait certainement continuer à le faire. Sullivan se demandait si l’équipe de campagne de Clinton devait faire une déclaration préventivement sur le génocide arménien ou attendre que les « groupes arméniens » le demandent. Sullivan concluait son email en reconnaissant que la question du génocide arménien « était très importante pour les Arméno-américains. » En quelques heures, Podesta a suggéré qu’une citation du pape François reconnaissant le génocide arménien devait être incluse dans la déclaration sur le génocide, ce que, pour finir, l’équipe de campagne de Clinton a décidé de ne pas faire ! 
 
2) Le 9 septembre 2015, Ismail Cobanoglu, premier conseiller de l’ambassade turque de Washington, D.C., a envoyé un email au directeur de campagne John Podesta, demandant si le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu pouvait « faire une visite de courtoisie à Mme Clinton » entre le 26 et le 30 septembre. Bizarrement, Cobanoglu a déclaré qu’il avait d’abord écrit au Département d’État, mais on lui a répondu que Mme Clinton n’était plus Secrétaire d’État. Cobanoglu a dit à Podesta que Davutoglu faisait cette requête « eu égard à son ancienne amitié avec la Secrétaire Clinton, remontant à l’époque où ils étaient collègues en tant Secrétaire d’État/Ministre des Affaires étrangères. » le même jour, Podesta a dit à Cobanoglu que l’agenda de Mme Clinton « était assez chargé, mais que cette visite aurait la priorité si c’était possible. Huma Abedin, la vice-présidente de la campagne suivrait l’affaire. » Podesta a alors demandé à Mme Abedin : « Comment veux-tu gérer ca ? » Elle lui a répondu le jour suivant, l’informant que Mme Clinton « serait heureuse de rencontrer le Premier ministre, mais nous ne sommes pas sûrs qu’elle soit à New York aux dates que tu as indiquées. Nous t’informerons dès que possible quand son agenda sera plus précis. Je te tiens au courant. » Nous ignorons si la rencontre prévue a eu lieu ou non.
 
3) Le 17 décembre 2010, Huma Abedin, qui était à l’époque chef de cabinet de Clinton, a transmis les informations qu’elle avait sur un jugement de la Cour fédérale d’appel, permettant aux descendants des victimes du génocide arménien de demander des compensations à trois compagnies d’assurance-vie allemandes. De façon intéressante et inquiétante aussi, la ligne "objet" de l’email d’Abedin indiquait que le ministre des Affaires étrangères Davutoglu avait fait référence à ce jugement de la cour lors de son appel téléphonique avec Hillary Clinton. Le jour suivant, Harold Koh, conseiller juridique du Département d’État, a envoyé une copie du jugement de la cour à Jake Sullivan, chef de cabinet adjoint de Clinton, et à Joe MacManus, assistant exécutif de la Secrétaire d’État, leur demandant de transmettre ce document important à la Secrétaire Clinton. Koh a ajouté que « puisque le ministre des Affaires étrangères Davutoglu l’a mentionné pendant son appel téléphonique, nous voulons lui faire parvenir ceci le plus vite possible. » Sullivan a envoyé le verdict de la cour à la Secrétaire Clinton avec la note suivante : « Importance : élevée. » À mon avis, c’était une ingérence flagrante et injustifiée du ministre turc des Affaires étrangères dans le système juridique américain, cherchant à inciter la Secrétaire d’État à faire pression sur les cours pour inverser le jugement ! On ignore si Mme Clinton a pris des mesures à cet égard. Cependant, la Cour fédérale d’appel a ensuite invalidé sa décision ! 
 
Pour finir, dans un email en date du 17 mars 2016, le directeur de campagne John Podesta a fait une liste de 39 personnes pouvant être des candidats potentiels au poste de vice-président pour Mme Clinton. L’un des noms surprenants de cette liste était Muhtar Kent, un Turco-américain, directeur de l’entreprise The Coca-Cola Company. Son père, Necdet Kent, était le consul général de la Turquie à New York, où Muhtar est né. Il a fait ses études à Mersin en Turquie. Comme nous le savons désormais, Mme Clinton a choisi Tim Kaine comme coéquipier et non Muhtar Kent ! 
 
 
De Harut Sassounian 
The California Courier 
 
 
 
 
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