Harut Sassounian.L’Arménie s’oppose enfin à la politique anti-arménienne du Pakistan
05-12-2016 18:51:51 | USA | Articles et analyses
Je suis ravi d’apprendre que l’Arménie a enfin décidé de contrer la politique constante pro-azérie, pro-turque et anti-arménienne du Pakistan.
La semaine dernière, Radio Free Europe (RFE) a rapporté que l’Arménie avait mis son veto à la requête du Pakistan d’avoir le statut d’observateur dans l’Assemblée parlementaire de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), en réponse à la position anti-Artsakh (Karabagh) du Pakistan.
L’Arménie a avancé l’argument que « le Pakistan a non seulement refusé d’établir des relations diplomatiques avec l’Arménie, mais a également refusé de reconnaître l’indépendance de cette dernière », selon RFE. De fait, le Pakistan fait partie des quelques pays dans le monde qui n’ont toujours pas reconnu l’Arménie, un quart de siècle après son indépendance !
Cet épisode relativement minime est une initiative bienvenue montrant que les dirigeants de l’Arménie sont désireux de faire une démonstration de force de temps en temps. Ce genre d’action sert également à signifier à d’autres pays que l’Arménie est prête à défendre ses intérêts et à contrer ses adversaires quand cela est nécessaire.
La position anti-arménienne du Pakistan est antérieure à l’indépendance de l’Arménie. Je me souviens parfaitement des discours des ambassadeurs du Pakistan aux Nations Unies dans les années 1970 et 1980, soutenant le négationnisme turc du génocide arménien, lors des sessions de la Commission des droits de l'homme à Genève en Suisse.
Une fois l’Arménie devenue indépendante en 1991, le Pakistan a poursuivi sa politique hostile envers l’Arménie et l’Artsakh, soutenant fermement tant l’Azerbaïdjan que la Turquie. Des mercenaires terroristes Moudjahidin du Pakistan et d’Afghanistan ont été engagés pour se battre contre les Arméniens dans la guerre de l’Artsakh. Depuis lors, les dirigeants du Pakistan et de l’Azerbaïdjan se sont rendu visite de nombreuses fois pour renforcer leurs liens militaires et économiques. Par exemple, selon l’APA (Azeri Press Agency), le ministre de la Défense du Pakistan, Syed Athar Ali, a discuté avec le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, « du renforcement de la coopération dans la sphère militaire et l’industrie de la défense », lors d’une visite à Bakou en 2010. En réponse, le président Aliyev a remercié le Pakistan en votant en faveur « du règlement de la situation dans les territoires azéris occupés et contre la reconnaissance de l’Arménie en raison de l’agression contre l’Azerbaïdjan. »
En mars 2015, pendant sa visite à Bakou, le président du Pakistan, Mamnoon Hussain a déclaré : « Nous avons toujours soutenu la position juste de l’Azerbaïdjan sur le conflit arméno-azéri du Nagorno-Karabakh. Le Pakistan ne reconnaît pas l’Arménie en tant qu’État. » Il a également annoncé que le Sénat du Pakistan avait reconnu comme étant un génocide les massacres d’Azéris commis par des Arméniens à Khojalu pendant la guerre de l’Artsakh.
Le 5 avril 2016, lors de l’attaque barbare de villageois de l’Artsakh, commise par les soldats azéris, le ministre des Affaires étrangères du Pakistan a reproché à tort à l’Arménie « la violation du cessez-le-feu » avec « des tirs d’artillerie constants ». Plus tard dans le mois, pendant sa visite à Islamabad, le ministre azéri de la Défense, Yavar Jamalov, a déclaré au Premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif, que l’Azerbaïdjan désirait acheter du matériel militaire au Pakistan. Une discussion similaire a eu lieu le 27 septembre 2016, lors d’une rencontre à Bakou du ministre de la Défense du Pakistan, Rana Tanveer Hussain, et du président Aliyev.
Le 14 octobre, pendant sa visite de réciprocité en Azerbaïdjan, le Premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif a dit au présent Aliyev que son pays était intéressé par un entraînement militaire conjoint. Nawaz a également appelé à « une restitution totale des territoires azéris occupés, au retrait des forces arméniennes et au retour des personnes déplacés et des réfugiés. » En retour, le président Aliyev a exprimé le soutien de son pays à la position du Pakistan sur le Jammu-et-Cachemire, et son opposition à l’Inde. Un mois plus tard, lorsque le Premier ministre adjoint de l’Azerbaïdjan, Yaqub Eyyubov, s’est rendu au Pakistan, le président Mamnoon Hussain lui a rappelé que le Pakistan était le troisième pays, après la Roumanie et la Turquie à avoir reconnu l’Azerbaïdjan. Le président Hussain a également remercié l’Azerbaïdjan pour le soutien qu’il apporte au Pakistan dans son conflit avec l’Inde au sujet du Jammu-et-Cachemire, et a promis de continuer à soutenir les revendications de l’Azerbaïdjan sur le « Nagorno Karabagh » (Artsakh).
Afin de ne pas se faire damner le pion par l’Azerbaïdjan, le président turc Erdogan s’est rendu au Pakistan le 17 novembre 2016, où le Premier ministre Nawaz Sharif l’a accueilli dans « sa seconde résidence ». En retour, Erdogan a proclamé : « Le monde entier devrait imiter le Pakistan ! »
La République d’Arménie et la diaspora doivent continuer à contrer le Pakistan et les autres pays anti-arméniens, afin de les empêcher de nuire davantage aux intérêts arméniens. Voici quelques suggestions d’actions :
-- L’Arménie doit voter contre les questions pro-pakistanaises à l’Assemblée Générale de l’ONU;
-- L’Arménie doit bloquer les initiatives du Pakistan qui cherche à se joindre à l’Union économique eurasiatique ;
-- L’Arménie doit prendre le parti de l’Inde dans le conflit avec le Pakistan au sujet du Jammu-et-Cachemire ;
-- Les Arméno-américains doivent exhorter le Congrès américain à tenir une session sur les graves violations des droits humains au Pakistan.