Turquie : l'ONU fait état de graves violations des droits de l'homme dans le sud-est depuis juillet 2015


Turquie : l'ONU fait état de graves violations des droits de l'homme dans le sud-est depuis juillet 2015

  • 11-03-2017 18:47:13   | Ռուսաստան  |  Presse de la diaspora

10 mars 2017 – Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a publié vendredi un rapport relayant les accusations de destructions massives, d'assassinats et de nombreuses autres graves violations des droits de l'homme commises dans le sud-est de la Turquie entre juillet 2015 et décembre 2016.
 
Ces violations ont été commises pendant des opérations menées par les forces de sécurité gouvernementales dans plus de 30 villes et districts, au cours desquelles entre 335.000 et un demi-million de personnes, essentiellement d'origine kurde, ont été déplacées, précise ce rapport.
 
Le document décrit dans les détails la destruction de la ville de Nusaybin, dans la province de Mardin, où 1.786 bâtiments ont été démolis ou sérieusement endommagés, ainsi que du quartier historique de Sur, à Diyarbakir, où les autorités locales estiment que 70% des bâtiments de la partie orientale ont été systématiquement visés par les bombardements. Les destructions se sont apparemment poursuivies après la fin des opérations de sécurisation, pour culminer en août 2016. Les images prises par satellite avant et après l'intervention des forces gouvernementales montrent que certains quartiers de Nusaybin et de Sur ont été complètement rasés.
 
Le HCDH se dit « particulièrement préoccupé par les images prises par les satellites, qui montrent des destructions à grande échelle de bâtiments d'habitation par l'artillerie lourde ».
 
D'importants dommages sont également relevés dans plusieurs autres villes, notamment à Cizre, dans la province de Sirnak.
 
Le rapport cite aussi des informations reçues du gouvernement central turc indiquant que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara considère comme une organisation terroriste, « a mené plusieurs attaques violentes qui ont fait des morts et des blessés parmi les membres des forces de sécurité turques et d'autres personnes. Selon le gouvernement, le PKK s'est également rendu coupable d'enlèvements, y compris d'enfants; a creusé des tranchées et installé des barrages dans les villes; et empêché l'intervention des services d'urgence ».
 
Le HCDH a déclaré avoir tenté en vain depuis près d'un an d'accéder aux zones touchées par ces évènements afin d'enquêter de manière indépendante sur les allégations de graves violations des droits de l'homme.
 
Le rapport fait également état d'actes de torture, de disparitions arbitraires, d'incitation à la haine, d'entrave à l'accès aux soins médicaux d'urgence, à la nourriture, à l'eau et aux moyens de subsistance, ainsi que de violences à l'encontre des femmes.
 
Selon le HCDH, les mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence après la tentative de putsch de juillet 2016, et notamment le licenciement de plus de 100.000 travailleurs des secteurs public et privé pendant la période couverte par le rapport, ont eu un impact significatif sur la situation des droits de l'homme dans le sud-est de la Turquie.
 
Quelque 10.000 enseignants ont été renvoyés pour des liens supposés avec le PKK. Le recours à la législation antiterroriste pour limoger les représentants démocratiquement élus d'origine kurde, le harcèlement permanent des journalistes indépendants, la fermeture des associations de citoyens et des médias indépendants et de langue kurde, et la suspension massive de juges et de procureurs ont fragilisé le contrôle démocratique et mis à mal la protection des droits fondamentaux.
 
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, reconnaît la complexité des problèmes que la Turquie a dû affronter pour contrer la tentative de coup d'État de juillet 2016 et répondre aux attentats terroristes de ces derniers mois, mais il estime que la détérioration, en apparence grave, de la situation des droits de l'homme dans ce pays constitue une source d'inquiétude et ne peut qu'attiser les tensions et alimenter l'instabilité.
 
« Je suis particulièrement préoccupé par les indications qu'aucune enquête crédible n'a été menée sur les centaines d'assassinats illégaux, y compris de femmes et d'enfants, commis entre fin juillet 2015 et fin août 2016 », a-t-il déclaré. « Il semblerait qu'aucun suspect n'ait été appréhendé et que personne n'ait été poursuivi ».
 
« Le gouvernement turc ne nous a pas accordé l'accès au terrain et conteste la véracité des très graves accusations relayées par le rapport. Justement, la gravité des accusations, l'ampleur des destructions et le déplacement de plus de 355.000 personnes montrent qu'une enquête indépendante est à la fois urgente et essentielle », a-t-il ajouté.
 
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