Une journaliste turque révèle la persécution des Juifs en Turquie
24-04-2017 11:23:17 | | social
Israel National News a publié un article extrêmement intéressant, écrit par la journaliste turque Uzay Bulut, sur la discrimination et la persécution que les Juifs turcs ont subies depuis la fondation de la République de Turquie en 1923.
C’est un exposé important, puisque le gouvernement turc s’est donné beaucoup de mal pendant des décennies pour faire croire à la communauté internationale qu’une grande tolérance règne en Turquie en ce qui concerne les Juifs et qu’ils vivent dans une société démocratique qui protège leurs droits civiques et religieux. L’objectif de cette propagande est double : satisfaire les responsables israéliens et les Juifs américains afin qu’ils soutiennent les intérêts turcs à Washington et mobiliser le pouvoir de lobbying politique des Juifs américains à Washington pour contrer les initiatives de reconnaissance du génocide arménien au Congrès.
En 1992, le gouvernement turc a commémoré en grande pompe le 500e anniversaire de l’expulsion des Juifs d’Espagne et leur installation en Turquie. Ankara a utilisé la coopération de nombreux responsables de la communauté juive, y compris du grand rabbin, pour diffuser cette narration historique erronée. Quand à l’époque, j’avais écrit un article révélant les mensonges de cette célébration, j’avais reçu une lettre de l'organisateur des événements commémoratifs, me demandant pourquoi je voulais donner une image négative de cette célébration. De façon intéressante, ce responsable juif ne contestait aucun des faits de mon article sur la persécution des Juifs dans l’Empire ottoman au cours des siècles.
L’article de Bulut est important car il décrit les persécutions des Juifs, non pas il y a des siècles, mais à notre époque dans la Turquie « moderne » ! L’article commence avec une information du journal turc Milliyet qui rapporte que des douzaines de synagogues historiques « courent le risque de disparaître à jamais. » La principale raison de ce risque de disparition des synagogues est que la majorité de la communauté juive de Turquie a fui le pays à cause « de la discrimination systématique et des campagnes de turquisation et d’islamisation forcées. » Bulut indique qu’en 1923, au début de la République de Turquie, il y avait 81 454 Juifs en Turquie. Ce chiffre s’est réduit à « moins de 15 000. » La dernière école juive a été fermée par le gouvernement turc en 1937, selon Bulut.
Voici une liste des principaux épisodes de la persécution et de la discrimination turques envers la minorité juive et les autres minorités non-turques ces dernières décennies, telle que compilée par la journaliste turque Bulut :
-- La Loi turque sur la famille adoptée en 1934 obligeait les Juifs et les autres non-Turcs à abandonner leurs noms ethniques et à prendre un nom à consonance turque.
-- « Les Juifs ont été privés de leur liberté de mouvement au moins trois fois : en 1923, 1925 et 1927. » Bulut mentionne aussi que « pendant la Shoah, la Turquie a ouvert ses portes à de rares juifs et réfugiés politiques et a pris des mesures pour prévenir une immigration juive en 1937. »
-- Les discours de haine et les commentaires antisémites sont courants dans la société turque et les médias. Les activités de soutien à Israël menées par la communauté juive ont été interdites par la République de Turquie.
-- Le gouvernement turc a assigné des codes secrets chiffrés aux individus d’origine juive, arménienne et grecque. Le gouvernement peut ainsi les suivre et révéler leur ascendance si nécessaire.
-- « Des lois excluent que des Juifs et autres non-musulmans exercent certaines professions. » La République de Turquie a interdit à ces minorités d’avoir des postes gouvernementaux. « Des milliers de non-musulmans ont perdu leur emploi », selon Bulut.
- Interdiction d’utiliser en public les langues autres que le turc. La campagne « Citoyen, parle turc » lancée lors des premières années de la République visait principalement la communauté juive, selon Rifat Bali, le grand historien sur la communauté juive en Turquie.
-- « Les Juifs de Thrace orientale ont été visés par des pogroms du 21 juin au 4 juillet 1934. Cela a commencé par un boycott des entreprises juives, suivi d’attaques physiques sur des bâtiments dont les propriétaires étaient juifs et qui ont été d’abord pillés, puis incendiés. Les hommes juifs ont été frappés et certaines femmes juives auraient été violées. Terrorisés par ces événements, plus de 15 000 Juifs ont quitté la région. »
-- La conscription des non-musulmans dans l’armée turque (1941-42). « Le 22 avril, 12 000 non-musulmans (aussi connus sous le nom « les vingt classes »), y compris des hommes juifs, et même des aveugles et des handicapés, ont été enrôlés. Mais au lieu de faire un service actif, ils ont été envoyés travailler dans des bataillons de travail, où les conditions étaient terribles, pour construire des routes et des aéroports. Certains y ont perdu la vie ou ont contracté des maladies. »
-- « Le 11 novembre 1942, le gouvernement turc a promulgué la Loi de l’impôt sur la fortune, qui divisait les contribuables en quatre groupes selon leur religion : les musulmans, les non-musulmans, les convertis (‘dönme’), soit les membres d’une secte sabbatéenne de Juifs convertis à l’Islam, et les nationaux étrangers. Seuls 4,90 % des musulmans turcs devaient payer l’impôt sur la fortune. Les Arméniens étaient les plus fortement imposés, suivis par les Juifs. Selon l’historienne Başak İnce, « la raison sous-jacente était l’élimination des minorités de l’économie et le remplacement de la bourgeoisie non-musulmane par sa contrepartie turque. »
-- « Pendant les attaques contre les communautés non-musulmanes d’Istanbul les 6 et 7 septembre 1955, une foule turque a dévasté, à l'instigation du gouvernement, les quartiers grecs, arméniens et juifs de la ville, détruisant et pillant entre autres leurs lieux de culte, leurs résidences, leurs entreprises, leurs cimetières et leurs écoles. »
-- « Meurtres de Juifs : Yasef Yahya, un dentiste juif de 39 ans, a été brutalement assassiné le 21 août 2003 dans son bureau situé dans le quartier de Şişli à Istanbul ; de nombreux avocats et médecins juifs ont enlevé la plaque de leurs bureaux pour ne pas subir le même sort que Yahya. »
La liste du harcèlement et des persécutions subis par la minorité juive et les autres [minorités] devrait être envoyée aux médias internationaux à chaque fois que le gouvernement turc fait de fausses déclarations sur la façon dont il a traité la communauté juive en Turquie.
Il est honteux de voir que le gouvernement israélien ne prononce pas une seule critique face à la persécution des citoyens juifs en Turquie. Bien au contraire, les responsables israéliens cèdent lâchement à la pression de la Turquie pour nier le génocide arménien et interdire de présenter ce crime contre l’humanité sur les chaînes de télévision israéliennes et à des conférences universitaires.