Harut Sassounian. L’Azerbaïdjan emploie quatre agences de lobbying et de relations publiques
06-07-2017 11:23:10 | USA | Articles et analyses
Après avoir identifié les agences de lobbying et de relations publiques engagées par le gouvernement turc, nous allons maintenant parler d’agences similaires engagées par l’Azerbaïdjan.
En examinant l’approche sournoise de l’Azerbaïdjan en matière de relations étrangères, j’ai déterminé le schéma suivant :
1) Quelles que soient les actions menées par les Arméno-américains pour leurs causes, l’Azerbaïdjan cherche à les imiter puis à les contrer aux États-Unis par le biais d’agences qu’il engage. Dans un discours de 2013, le président Aliyev a déclaré que « le principal ennemi de l’Azerbaïdjan est le lobby arménien ». Il a également affirmé : « Le lobby arménien essaie jour et nuit de calomnier l’Azerbaïdjan pour saper son autorité. Ils ont de vastes ressources financières. Ils sont étroitement liés aux autorités de leurs pays dans lesquels ils font des dons aux législateurs en qualifiant ça de ‘lobbying’. Mais, en vérité, c’est un pot-de-vin. De ce fait, le lobby arménien est au premier plan d’une campagne organisée contre nous. » Dans sa longue diatribe, le président Aliyev attribue à tort aux Arméniens la campagne permanente de corruption que son propre gouvernement mène dans le monde.
2) En ce qui concerne sa politique sur l’Arménie ou les questions arméniennes, y compris la négation du génocide arménien, l'Azerbaïdjan marche dans les pas des responsables turcs plus expérimentés, en accusant l’Arménie des crimes commis par l’Azerbaïdjan et la Turquie. Malheureusement, l’Azerbaïdjan a aussi imité la Turquie dans la répression de ses propres citoyens, et il est donc difficile de déterminer lequel des deux pays est le plus autocratique.
3) Le gouvernement de l’Azerbaïdjan, ayant compris que ses violations généralisées des droits de l’homme ternissaient son image en Occident, a engagé des agences de lobbying et de relations publiques pour blanchir sa mauvaise réputation. On pourrait croire qu’un régime aussi soucieux de sa piètre image à l’étranger améliorerait son bilan sur les droits de l’homme dans son pays, afin de ne pas avoir à gaspiller des millions de dollars avec des agences américaines chargées de mener à bien l'impossible mission de restauration de son image. Dans son discours de 2013, le président Aliyev a décrit de façon chimérique l’Azerbaïdjan comme étant « un pays moderne, progressiste, ouvert et tolérant. » Qui pourrait être dupe de mensonges aussi flagrants ?
Le gouvernement de l’Azerbaïdjan a engagé des douzaines d’agences de lobbying et de relations publiques pendant des années. Cependant, aujourd’hui, il n'emploie plus que quatre agences.
1) Podesta Group, Inc., touche 45°000 dollars par mois pour « faire des recherches et analyser les questions préoccupant l’Azerbaïdjan, le conseiller sur les enjeux politiques américains, sur les activités au Congrès et la branche exécutive, et les développements de la scène politique générale américaine ; maintenir le contact, si nécessaire, avec les membres du Congrès et leurs équipes et les officiels de la branche exécutive, les médias et les organisations non gouvernementales. »
2) SOCAR USA (filiale américaine de la State Oil Company of Azerbaijan) verse 125°000 dollars à Roberti White LLC pour « faire des recherches et analyser les questions préoccupant l’Azerbaïdjan, le conseiller sur les enjeux politiques américains, sur les activités au Congrès et la branche exécutive, et les développements de la scène politique générale américaine ; et maintenir le contact, si nécessaire, avec les membres du Congrès et leurs équipes, les officiels de la branche exécutive, les membres de la presse et les organisations non gouvernementales. » Il n’est pas surprenant que la description des fonctions de Roberti White réalisées pour SOCAR USA soit identique à celles réalisées par Podesta Group, Inc., pour le gouvernement de l’Azerbaïdjan.
3) L’ambassade d’Azerbaïdjan à Washington verse 50°000 dollars par mois à BGR Government Affairs, LLC qui fournit « une orientation stratégique et des conseils concernant les affaires gouvernementales et l’activité de relations publiques aux États-Unis. Ceci comprend des contacts appropriés avec les officiels du gouvernement américain, des organisations non gouvernementales, des membres des médias et autres individus aux États-Unis. »
4) The Tool Shed Group LLC, dont le quartier général était à l’origine à Woodland Hills, Californie, et qui se trouve désormais à Parker, Colorado, a été engagé par le consulat d’Azerbaïdjan à Los Angeles en 2009, pour une période quatre mois à un prix forfaitaire de 35°000 dollars. Tool Shed Group représente également la République d’Azerbaïdjan. Depuis cette date, le contrat a été renouvelé tous les six mois. Tool Shed est dirigé par Jason Katz, l’ancien directeur des relations publiques et des affaires publiques du Comité juif américain. Tool Shed fournit « des services de conseil au consulat, y compris l’organisation de conférences/briefings ; facilitation des rencontres avec les membres de la communauté, les officiels élus et nommés, et les hommes d’affaires influents ; écrire et diffuser des lettres ouvertes. »
Récemment, le consulat général de l’Azerbaïdjan à Los Angeles a transmis à tous les consulats de Los Angeles, et à bien d’autres probablement, une brochure en couleur intitulé Nagorno-Karabakh : contexte et faits. Ce document de propagande de 16 pages, rempli d’affirmations mensongères sur l’Artsakh, a sans doute été préparé par The Tool Shed Group, l’Azerbaïdjan et l’agence de lobbying et de relations publiques de son consulat. À la fin des 16 pages, une note indique : « Publié par le consulat général de l’Azerbaïdjan à Los Angeles ». Il est intéressant de constater que cette phrase ne dit pas qui a préparé la brochure, mais simplement qui l’a publiée !