«Résolution pour une solution politique de la Question Arménienne», de la nécessité d’y apporter modifications ainsi qu’une nouvelle redaction» (1)
11-12-2020 14:57:34 | Arménie | Articles et analyses
«Concernant les erreurs, les oublis, les formulations inadéquates contenus dans la Résolution du Parlement européen du 18 juin 1987 «Résolution pour une solution politique de la Question Arménienne», de la nécessité d’y apporter modifications ainsi qu’une nouvelle redaction»
Par cette Déclaration, la République Arménie Occidentale (l’Etat Arménie) propose au Parlement européen:
compte tenu que
- l’en-tête de la Résolution du Parlement européen concernant “ la Résolution pour une solution politique de la Question Arménienne » du 18 juin 1987 ne concorde pas avec le contenu du document car n’y figurent pas certains mots ou propositions qui par leur contenu seraient en relation directe à la Question Arménienne,
- ce document passe et ignore les décisions prises en 1918, 1919-1920 destinées à régler la Question Arménienne: le Décret du gouvernement de la Russie (du Soviet des Commissaires au Peuple) “De l’Arménie turque”, du 11 janvier 1918 (De l’Arménie Occidentale); la Décision du Conseil suprême des Puissances alliées, de facto (19 janvier 1920) et de jure (11 mai 1920) reconnaissant l’indépendance de l’Etat Arménie; l’Exposé des propositions, remis à la Commission spéciale de la Conférence de Paix de Paris, concernant les frontières entre l’Etat Arménie et les Républiques Azerbaïdjan et Géorgie (24 février 1920) déterminant les frontières de l’Etat Arménie: l’Exposé comptable du Comité spécial de la Conférence de Paix de Paris (sous-commission de la Commission pour le dédommagement des préjudices/Evaluation des préjudices) concernant les préjudices matériels subis par le peuple arménien pendant la Première Guerre Mondiale (14 avril 1919); le Traité de Paix de Sèvres (articles 88 à 93 concernant l’Etat arménien (10 août 1920); la Sentence Arbitrale du 28e Président des Etats-Unis d’Amérique Woodrow Wilson dont l’intitulé complet est le suivant – “Décision du Président des Etats-Unis d’Amérique concernant l’instauration d’une frontière d’Etat entre la Turquie et l’Arménie, d’un accès frontalier à la mer pour l’Arménie et la démilitarisation des territoires turcs limitrophes à la frontière arménienne” (22 novembre 1920),
- le document concerne les droits des arméniens de Turquie, d’Iran et d’Union soviétique et, à chaque fois, le peuple arménien est défini comme « minorité ». Autrement dit, on ignore le fait que la population arménienne vit d’une manière compacte en République Arménie et en Diaspora arménienne comme une seule et même communauté et, bien évidemment, cela conduit à ignorer toutes les décisions prises en 1918, 1919-1920 concernant les droits octroyés au peuple arménien. Ce n’est pas par hasard que dans la partie qui conclut ce document sont ajoutés le nom des pays auxquels ce document sera envoyé – la Turquie, l’Iran et l’Union soviétique,
compte tenu des remarques ci-dessus, nous proposons
de corriger et reformuler dans sa totalité ce document dans une nouvelle rédaction proche de la Résolution du Parlement européen « De la résolution juridique et politique de la
Question Arménienne»
Partie 1.
Dans la Résolution du Parlement européen du 18 juin 1987 « De la résolution politique de la Question Arménienne », adoptée par les députés d’alors et d’une autre génération, figurent de grosses erreurs, des omissions, des formulations inadmissibles et inexcusables qui ne correspondent pas aux réalités et aux faits du passé et du présent concernant la résolution de la Question Arménienne.
Dans cette Résolution, l’une des causes fondamentales des erreurs, omissions et formulations inacceptables réside dans la manière de mettre sur le même pied et à réalité égale la Question Arménienne et le problème des minorités ethniques et religieuses en Turquie . Ces deux problèmes – la Question Arménienne, sa résolution et le problème de la minorité nationale et religieuse arménienne en Turquie – se situent dans des contextes juridiques et politiques totalement différents.
C’est justement pour cela que ceux qui ont préparé le document en question n’ont pas pris en compte les décisions déjà prises auparavant sur cette Question Arménienne et en particulier: le Décret du gouvernement de la Russie, les décisions de la Conférence de Paix de Paris et, également, le Traité de Paix de Sèvres et la Sentence Arbitrale du 28e Président des Etats-Unis d’Amérique Woodrow Wilson. C’est cela qui a conduit les Etats-membres de l’Union Européenne à une résolution de la Question Arménienne sur une base mensongère et erronnée.
Nous allons citer toutes les formulations, les points et les articles de la Résolution dans toutes ses parties ; nous allons énumérer les erreurs, les omissions ainsi que les formulations inadéquates contenues dans cette Résolution et allons présenter leur juste interprétation et preuves en nous basant sur les faits et réalités avérés.
I. Est écrit dans la Résolution :
«Le Parlement européen,
- vu la proposition de résolution déposée par M. Saby et autres signataires, au nom du groupe socialiste, sur une solution politique de la question arménienne (doc. 2-737/84),
- vu la proposition de résolution de M. Kolokotronis sur la Question Arménienne et la proclamation du 24 avril comme journée de souvenir du génocide des arméniesn (doc.AB2-360/85),
- vu le rapport de sa commission politique (doc. A2-33/87),
A.rappelant
- la proposition de résolution de M. Jaquet et collègues sur la situation du peuple arménien (doc. 1-782/81),
- la proposition de résolution déposée par Mme Duport et M. Glinne au nom du groupe socialiste, pour une solution politique de la Question Arménienne (doc. 1-735/83), et
- la question écrite de Mme Duport sur la Question Arménienne (1),
- la résolution des ministres responsables des Affaires culturelles, réunis au sein du Conseil du 13 novembre 1986, relative à la conservation du patrimoine architectural européen (2), y compris celui situé en dehors du territoire Communautaire».
Notre explication et son argumentation
Compte tenu de l’ exposé bien précis des documents cités ci-dessus, on ne comprend pas bien pourquoi l’approche selon laquelle dans la Résolution « De la résolution politique de la Quetion Arménienne » cette Question Arménienne est constamment identifiée à la question des droits de la minorité nationale religieuse arménienne en Turquie. Cela signifie que comme proposition déposée par « Monsieur Saby et autres au nom du groupe socialiste concernant la solution politique de la Question Arménienne », soit les documents cités ne contenaient pas de propositions sérieuses pour une solution de la Question Arménienne soit le Parlement Européen n’y a pas prêté attention, a éludé, restant dans le cadre des questions « Des droits de la minorité nationale religieuse arménienne en Turquie ». et la reconnaissance du Génocide des arméniens.
Nous sommes portés à supposer que les documents cités plus haut contenaient tout de même des propositions sérieuses permettant de réguler la Question Arménienne mais, pour des raisons poitiques, les députés du Parlement européen ne les ont pas pris en compte.
Ces décisions, prises en 1918, 1919-1920, en faveur de la Question Arménienne, englobaient non seulement un dédommagement politique mais également juridique, territorial et matériel.
Ces décisions ont été adoptées mais, jusqu’à aujourd’hui, non réalisées. Et c’est là que réside tout le problème.
II. Dans la Résolution il écrit
«A. rappelant
- la proposition de résolution de M. Jaquet et collègues sur la situation du peuple arménien (doc. 1-782/81)»,
Notre explication et ses arguments
La formulation est inexacte car dans la suite du développement et de la logique de la résolution, il suit que ce document concernant la situation du peuple arménien qui, sous la formulation « situation du peuple arménien » est prise en considération la situation de la « minorité » arménienne de Turquie et des citoyens de nationalité arménienne vivant en Union soviétique, c’est-à-dire des questions concernant leurs libertés individuelles.
En réalité, après le Génocide et la déportation des arméniens, le peuple arménien dispersé à travers le monde a continué de vivre exilé avec des droits bafoués et il espérait que la communauté internationale, y inclus le Parlement européen, reprendrait un jour cette question des droits du peuple arménien, opterait pour une résolution définitive et équitable de la Question Arménienne et enfin conduirait cette résolution selon l’esprit et la lettre des droits accordés au peuple arménien.
III. Dans la Résolution il est écrit :
«la résolution des ministres responsables des Affaires culturelles, réunis au sein du Conseil du 13 novembre 1986, relative à la conservation du patrimoine architectural européen (2), y compris celui situé en dehors du territoire Communautaire»,
«8. estime qu'il faut considérer la protection des monuments ainsi que le maintien et la conservation du patrimoine architectural religieux des arméniens de Turquie comme un élément d'une politique plus large visant à préserver le patrimoine culturel de toutes les civilisations qui se sont développées au cours des siècles sur le territoire de la Turquie actuelle et en particulier, celui des minorités chrétiennes qui ont fait partie de l'Empire ottoman»;
«9.invite par conséquent la Communauté à étendre l'accord d'association avec la Turquie au domaine culturel afin que les vestiges des civilisations chrétiennes et autres, telles que d'antiquité classique, hittite, ottomane, etc., dans ce pays soient préservés et mis en valeur».
Notre explication et ses arguments
C’est une décision trop tardive, mais par la suite, elle n’a pas eu d’application réelle. Tardive car à partir de 1894-1896, 1909, 1915-1918, 1919-1923 et de 1924 à nos jours, les gouvernements turcs successifs anéantissaient sciemment le patrimoine arménien : spirituel, culturel, historique architectural, les églises, les monastères, essayant de la sorte à effacer toute trace arménienne des territoires arméniens et de l’Empire ottoman puis, par la suite, de tout le territoire de la République turque. De cette manière, elle réalise le Génocide de la culture arménienne.
D’après les données officielles, au début de 1914 il y avait sur les territoires de l’Arménie Occidentale et l’Empire ottoman 2549 églises, monastères (dont des mouments uniques des premiers temps chrétiens des IVe-Ve siècles). La plupart ont été dépouillés, incendiés, détruits puis rasés pendant le Génocide des arméniens.
D’après les données de l’UNESCO de 1974, après 1923 des 913 monuments architecturaux historiques arméniens conservés 464 ont été totalement détruits, 252 sont en ruine, 197 nécessitent une très importante réhabilitation. Au jour d’aujourd’hui il ne reste plus rien à réhabiliter – les gouvernements de la République Turquie les ont méthodiquement détruits.
Il est indispensable de rappeler à ce sujet les crimes commis par les gouverements successifs de la République Azerbaïdjan – en Artsakh, au Nakhitchévan et autres territoires peuplés d’arméniens. Ce sont les destructions de monuments arméniens, spirituels, culturels, historiques, architecturaux, églises, khatchkars (croix de pierre ciselées) sur ordre du gouvernement de la République Azerbaïdjan qui avaient déjà commencé dès 1918, dès les premiers jours de la formation de la première République Azerbaïdjan et continuent jusqu’à maintenant. La République Azerbaïdjan – c’est un Etat, un gouvernement qui a détruit et continue de détruire un grand nombre de monuments antiques célèbres, des églises qui composent l’héritage culturel du peuple arménien. Citons comme exemple révoltant l’anéantissement de 89 églises arméniennes datant du Moyen Age, de 5480 khatchkars, de 22 700 pierres tombales dont 400 khatchkars à Agoulis et, en 2005, au Nakhitchévan la destruction de milliers de khatchkars uniques et antiques à Djouga.
Bill Barton sénateur américain a déclaré le 2 mars 2016 : « l’Azerbaïdjan a détruit volontairement plus de monuments arméniens au Proche-Orient que ne l’ont fait les terroristes », « Azerbaijan Destroys More Armenian Monuments Than The Terrorists Do in the Middle East – US Ex-Senator ».
Malgré ces faits avérés, l’UNESCO pour une raison incompréhensible a organisé à Bakou, capitale de la République Azerbaïdjan, à l’été 2019 la 43e session du Comité pour l’héritage mondial, signe interprété sans doute par les autorités de l’Azerbaïdjan comme un encouragement à continuer de la sorte et impunément la destruction des monuments arméniens et toute trace arménienne dans la région.
De même les terroristes opérant au Proche-Orient n’ont pas pénétré au nord de la Syrie sans l’autorisation des autorités de la République Turquie : le site religieux arménien des Saints Martyrs à Der-es-Zor où reposaient les restes recueillis à travers le désert des victimes du Génocide des arméniens. Les terroristes ont faiter sauter l’endroit le 21 septembre 2014.
Malgré tous ces faits, aucun Etat européen, aucun membre de la communauté internationale, ni le Parlement européen, ni l’Union européenne n’ont réagi, ni arrêté ni condamné tout au long du XXe siècle cette monstrueuse terreur d’Etat qui continue toujours ainsi que le Génocide de la civilisation arménienne et de sa culture par les gouvernements de la Turquie et de l’Azerbaïdjan.
IV. Dans la Résolution il est écrit:
«C. Considérant que les Arméniens qualifient ces événements de génocide organisé, au sens de la Charte des Nations Unies de 1948».
Notre explication et ses arguments
Les arméniens ne sont pas les seuls à qualifier cela de « génocide planifié », d’autres Etats et organisations, des savants et des intellectuels le confirment.
En voici deux exemples:
- le verdict du Tribunal permanent des peuples concernant le Génocide des arméniens (16 avril 1984)
«par la présente, le Tribunal considère que:
3. le gouvernement Jeunes Turcs est coupable de ce Génocide pour les actions commises dans la période 1915 à 1917 ;
4. le Génocide des arméniens constitue également « un crime international » pour lequel le gouvernement de la Turquie doit répondre et ne pas alléguer la transgression de la continuité comme alibi pour échapper à cette responsabilité ;
5. cette responsabilité sous-entend avant tout l’obligation de reconnaître officiellement le fait du Génocide et le préjudice qu’il a causé au peuple arménien ;
6. l’ONU et chacun de ses membres ont le droit d’exiger cette reconnaissance et aider le peuple arménien dans cette démarche ».
- l’ouvrage de Taner Akcam, historien turc, sur le Génocide des arméniens « Ordres de tuer » : les télégrammes de Talaat Pacha et le Génocide des arméniens » dévoile des télégrammes exclusifs démentant la thèse fondamentalement négationniste de la politique turque. Ils prouvent que les ordres de tuer ont bien existé et c’est effectivement Talaat qui les avait ordonnés. D’après l’auteur, « l’étude et la publication de ces documents sont le coup le plus important porté au négationnisme turc. Le nouvel ouvrage de Taner Akcam transforme les arguments négationnistes turcs concernant le Génocide des arméniens en fake news (Armenpress», 22 avril 2019)
Il convient également de citer une recherche récente de savants israëliens d’après laquelle les gouvernements turcs successifs, de 1894 à 1924, ont exterminé près de 4 millions de citoyens de l’Empire ottoman: arméniens, grecs et assyriens y compris plus d’un million et demi d’arméniens. Israeli Researchers: Turkey’s Greek, Armenian and Assyrian Christians Destroyed by 430-year Genocide’ by Jack Montgomery, 19 may 2019.